L’auteure du livre Le Frérisme et ses réseaux revient à la charge après la publication du « rapport Retailleau » – en réalité commandé par Emmanuel Macron et déclassifié par le nouveau président des LR. L’universitaire, chercheuse au CNRS, y voit une validation éclatante de son travail et fustige les chercheurs “gris” qui anesthésient l’opinion publique. Elle appelle à résister au chantage de l’islamophobie. Dans les pays musulmans, ce chantage est inopérant et rend la lutte contre les Frères plus facile. Un entretien à lire d’urgence, surtout à Bruxelles.
21News : Ce rapport commandé par le gouvernement français sur les Frères musulmans – ce n’est pas vraiment une surprise pour vous, j’imagine. Est-ce que vous en confirmez les grandes lignes ?
Florence Bergeaud-Blackler : Il faut d’abord préciser – c’est très important – que ce rapport, qu’on appelle maintenant “rapport Retailleau”, a en réalité été commandé avant son arrivée au ministère de l’Intérieur. Il l’a été par Emmanuel Macron et confié à Gérald Darmanin, avec deux rapporteurs : l’ambassadeur Gouyette et le préfet Courtade. Ce n’est pas une enquête, mais une mission d’information visant à rassembler des éléments déjà connus sur les Frères musulmans, notamment en France. Après sa rédaction, c’est effectivement Bruno Retailleau, une fois en poste, qui a souhaité le déclassifier et le rendre public. Cela a pris du temps — environ six ou sept mois — sans doute parce qu’Emmanuel Macron devait autoriser sa publication après un Conseil de défense.
21News : Donc, c’est un geste fort de Macron en réalité ?
FBB : Oui, je pense que c’était aussi une manière de dresser un bilan de la loi sur le séparatisme. Des personnes ont poussé en ce sens, notamment Darmanin, les services de renseignement territoriaux, la DGSI… Et je crois que mon livre a aussi pesé dans la balance, vu les réactions très vives qu’il a suscitées. Cela a contribué à mettre ce sujet à l’agenda.
« Les Frères musulmans veulent créer une contre-société musulmane »
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