Le président du MR expliquait encore récemment, dans un entretien avec Louis Sarkozy pour 21News, qu’il recevait quasi quotidiennement des menaces de mort… Ce mercredi 23 avril, Georges-Louis Bouchez a été physiquement pris à partie par un activiste d’extrême gauche lors d’une conférence du MR à Gembloux : insultes, gestes obscènes, menaces, et un verre de bière lancé à bout portant. Sous le regard amusé de militants syndicaux. Ce climat n’est plus politique. C’est de l’intimidation.
Sur X, le président du MR résume l’incident : « Voilà ce qu’est la gauche. Le non-respect du dialogue, de la démocratie. » Trop tranché ? Peut-être. Mais où sont les réactions indignées des figures progressistes ? Où sont les éditos des belles âmes qui montent si facilement au créneau pour dénoncer la moindre friction à gauche ?
Ce n’est pas un fait isolé. La façade du MR, près de la porte de Hal, est régulièrement recouverte de tags injurieux : « fascistes », « sionistes », etc. Viviane Teitelbaum et d’autres militantes MR ont été écartées d’une manifestation « féministe » parce qu’elles sont… « de droite ». Et, comme le rappelle Dorian de Meeûs dans La Libre, les élus MR d’origine musulmane subissent des pressions communautaires constantes pour « rentrer dans le rang » ou quitter leur parti.
Être de droite, en Wallonie, est devenu un acte de transgression. Pire : une provocation
Michel Henrion, rarement tendre avec Bouchez, précise qu’il ne s’agissait pas d’une initiative officielle de la FGTB, mais d’un mélange de militants antifascistes, de syndicalistes, d’anciens Gilets jaunes et de « citoyens très en colère ». Très en colère ? Cela justifie-t-il une agression publique ? Imaginons un instant que Paul Magnette, ou n’importe quel élu socialiste, soit violemment pris à partie par des militants d’extrême droite ou des policiers radicaux. La condamnation serait unanime. L’indignation, immédiate. La Une des JT, assurée.
Mais Bouchez ? Silence. Comme si, parce qu’il incarne une droite assumée, classique, gaulliste ou sarkozyste, il était devenu une cible légitime. Un homme à abattre, symboliquement ou pire. Comme si le fait même d’être « de droite » en Belgique francophone était en soi une insulte, une anomalie à effacer.
La dérive est grave. Lors d’une conférence à l’ULB consacrée à l’Europe face à Trump, des militants surexcités ont interrompu la séance. L’un d’eux, en pleine crise d’hystérie, a pris à partie Bouchez pour ses positions « pro-israéliennes ». Ailleurs, des murs sont tagués de slogans appelant à brûler Bouchez. Littéralement : « Bouchez au bûcher. » Est-ce une métaphore politique ? Ou un mode d’emploi ?
Il n’y a pas si longtemps, en France, deux enseignants ont été décapités pour leurs idées. Il est temps d’arrêter de jouer avec le feu. La haine politique n’est pas un folklore militant.
Encore une fois : où sont les intellectuels progressistes pour dénoncer cette violence inacceptable ? Où sont les défenseurs autoproclamés de la liberté d’expression ? Faut-il appartenir à leur camp pour avoir droit à la solidarité démocratique ?
Nicolas de Pape
(Photo Belga : Hatim Kaghat)