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Voitures électriques : l’Europe s’est tiré une balle dans le moteur (Humeur)

par Nicolas de Pape

Lorsque la Commission européenne a fait accepter l’idée d’interdire à la vente toute voiture thermique en 2035, tout le monde savait que la Chine avait déjà une longueur d’avance en matière de voitures électriques et que l’Europe, experte en moteurs diesels de plus en plus efficaces, avait un temps de retard.

Il n’était pas très difficile de prévoir les problèmes qui sont soulevés aujourd’hui tant par l’industrie automobile française qu’allemande : marche forcée vers le tout électrique et avalanches de normes écologiques. Dans Le Point, François Provost, directeur général de Renault, cite 107 nouveaux règlements devant entrer en vigueur d’ici à 2030. Il affirme qu’un quart des ingénieurs de son Technocentre travaillent à des mises à jour réglementaires. « Si rien ne change, le déclin de l’industrie automobile européenne est inéluctable », avertit-il.

Comment l’Union européenne s’est-elle dès lors tirée une balle dans le pied ?

La réponse est simple : l’idéologie.

Depuis le Sommet de Rio de 1992, « l’écologisme » a, étape par étape, pris possession du cerveau des haut-fonctionnaires qui gravitent autour de la présidence de la Commission européenne alors que les partis écologistes ne représentent plus que 10% du Parlement européen.

Certes, la Commission n’a rien à dire sans le contreseing du Conseil des chefs d’État. Mais elle donne le ton et à un devoir d’initiatives. Face à elle, le Parlement européen croupion est éparpillé. Et les chefs d’État se retranchent souvent derrière « la Commission de Bruxelles » pour se défausser une fois revenus au pays.

Une équation climatique compliquée à résoudre

Ces eurocrates se sont donnés pour mission de résoudre l’équation climatique alors que l’Union européenne n’est responsable que de 6% des émissions de gaz à effets de serre. Mission impossible sans le concours des autres grands pollueurs : Chine, États-Unis, Inde, Indonésie, Nigeria, Russie et j’en passe. Le « simple » rattrapage voulu par l’Inde, gorgée de charbon, par rapport à la Chine en PIB/habitant annihilera les efforts de l’UE pour réduire ses GES de 90% entre 1990 et 2040.

La force de l’idéologie est telle que pour ces idéalistes, la destruction de l’industrie européenne en général et automobile en particulier semble ne pas peser face au fantasme de participer au sauvetage de notre Terre nourricière.

En attendant, rien qu’en France, la filière automobile a déjà perdu 40.000 emplois. 75.000 autres emplois sont menacés d’ici 2035. Selon l’Association de l’industrie automobile allemande (VDA), la transformation du secteur due essentiellement à l’électrification pourrait coûter environ 190.000 emplois d’ici 2035 – et un quart de ces postes ont déjà disparu.

En Belgique, le VOKA prévient : “L’Europe ne sauvera ni le climat ni son modèle social si elle se transforme en musée industriel.”

Tout est dit…

Nicolas de Pape

(Photo : Hauke-Christian Dittrich/dpa)

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