Le gouvernement Arizona n’a plus le luxe d’attendre : il doit réformer, et vite. Après avoir promis une législature de grandes transformations, l’heure n’est plus aux déclarations d’intention mais à la mise en œuvre. Le redressement des comptes de l’État doit figurer au sommet des priorités.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le déficit se creuse, la dette enfle, et la Belgique vit, année après année, au-dessus de ses moyens. À ce rythme, ce ne sont plus nos enfants, mais déjà nos jeunes actifs qui paieront la facture – en dizaines de milliards – d’un État incapable de se réformer.
Comment un gouvernement qui dénonçait à juste titre la gabegie budgétaire de la Vivaldi peut-il aujourd’hui fermer les yeux sur la nécessité de réformes profondes ? Peut-on vraiment se satisfaire de trajectoires budgétaires affichant jusqu’à 5 % de déficit, voire davantage ? L’argent dépensé aujourd’hui à crédit, ce sont nos enfants et petits-enfants qui devront le rembourser. Est-il normal, est-il éthique d’agir de la sorte ? Peut-on continuer indéfiniment à vivre à crédit ? N’est-il pas temps d’analyser le budget ligne par ligne, et de couper dans tout ce qui n’est pas strictement nécessaire ?
La vérité est simple, brutale même : sans un ajustement budgétaire sérieux, notre pays risque de basculer dans une spirale où chaque euro emprunté servira à payer les intérêts du précédent. La Belgique ne peut plus acheter la paix sociale à crédit. Les générations futures ne méritent pas cet héritage empoisonné.
On ne peut laisser filer la dette
Face à cette urgence, le gouvernement ne peut pas tomber. Une crise politique aujourd’hui serait synonyme de paralysie budgétaire demain, et d’un retour à la fuite en avant dans la dépense publique. Le pays a besoin de courage, pas d’un énième feuilleton institutionnel. Les partenaires de la coalition doivent serrer les rangs et affronter la tempête ensemble, car l’alternative – l’immobilisme – serait une trahison envers le contribuable.
Et pour y parvenir, il ne peut y avoir aucun tabou. Pas sur la TVA, où une hausse modérée de 0,5 % n’impacterait que marginalement le pouvoir d’achat, mais pourrait soulager nos finances. Pas sur une contribution accrue du secteur bancaire, qui a largement profité de la remontée des taux. Pas sur la suppression des subventions mal ciblées, ni sur le fonctionnement pléthorique de l’État, dont le nombre de fonctionnaires n’a jamais été aussi élevé.
Plutôt que de surtaxer les entrepreneurs ou les plus-values, il serait plus juste de faire contribuer les comptes d’épargne dépassant 250.000 euros : cet argent dort, au lieu de soutenir la croissance et l’économie réelle. Il faut encourager le travail, pas l’assistanat, mais le faire avec intelligence et cohérence. Chaque euro dépensé doit être justifié, chaque niche fiscale réévaluée. Ceux qui dénoncent le risque de « casse sociale » oublient que la vraie injustice, c’est de laisser filer la dette pendant que le service public se délite et que l’économie s’essouffle.
La responsabilité politique, aujourd’hui, consiste à dire la vérité : oui, il faudra faire des choix difficiles. Oui, cela heurtera des intérêts établis. Mais le courage, c’est précisément cela : affronter le réel sans trembler. À défaut, l’histoire retiendra non pas que ce gouvernement est tombé, mais qu’il a failli. Et ce jour-là, ce n’est plus le Parlement qui fera la loi, mais le FMI qui viendra mettre de l’ordre dans nos finances.
Nicolas de Pape
(Photo Belgaimage)