Une carte blanche d’Édouard Brainis, Président de Belgian Friends of Israel.
Ils s’appellent Bar, Grégory, James, Milos, Hanna. Ils étudient dans une université européenne et ils sont venus témoigner des actes antisémites dont eux ou leurs amis ont été victimes sur les campus de leurs universités dans le cadre de la conférence “Antisémitisme et diabolisation d’Israël sur les campus européens” organisée par Belgian Friends of Israel et le Simon Wiesenthal Center au Parlement européen ce 11 novembre 2025 (photo).
Pendant une journée, la conférence a rassemblé victimes, acteurs sociaux, analystes politiques, professeurs d’université et décideurs politiques pour parler de l’antisémitisme qui se répand sur de nombreux campus d’Europe, des mécanismes qui lui permettent de s’installer là où nos jeunes se construisent intellectuellement et, bien sûr, des façons de combattre les discriminations et les boycotts, autant d’atteintes à l’esprit universitaire et à la liberté académique.
Placée sous le patronage de trois parlementaires européens, Lukas Mandl (PPE), Moritz Körner (Renew Europe) et Hannes Heide (S&D) la conférence fut particulière par son ampleur : quatre panels thématiques et vingt et un intervenants (européens mais aussi nord-américains). Elle constitue un jalon dans la prise de conscience qu’un problème aigu secoue l’université.
Activisme politique et appels au boycott d’Israël
Après le pogrom du 7 octobre 2023 et le début de la riposte israélienne, la plupart des universités européennes ont connu une flambée d’activisme politique pilotée par une gauche radicale alliée du Hamas, appelant à la lutte armée et à la destruction d’Israël. Via l’occupation de locaux (près de 800 000 euros de dégâts à l’ULB), de manifestations bruyantes, la perturbation des cours et l’invitation de conférenciers proches du FPLP et du Hamas, les meneurs (parfois extérieurs à l’université) entendaient obtenir des recteurs qu’ils suspendent les partenariats de recherches avec les institutions israéliennes. Dans toute l’Europe, seules quarante-huit institutions d’études supérieures ont cédé à cette pression. Parmi elles, dix sont situées en Belgique ; la totalité de nos universités demandent aujourd’hui le boycott des chercheurs israéliens et l’annulation de l’accord d’association UE-Israël. Cette situation, unique en Europe, a motivé Belgian Friends of Israel à alerter l’échelon européen sur la dangereuse dérive du monde académique belge et le tropisme antisémite qui se répand sur les campus de notre pays.
Harcèlement et violence contre les étudiants juifs
Il existe une corrélation entre l’ampleur des activités politiques anti-israéliennes sur les campus et les incidents antisémites qu’on y observe. L’activisme pro-boycott s’accompagne (i) de harcèlements et d’agressions d’étudiants juifs (et parfois non juifs) qui tentent le dialogue ou la défense d’Israël, (ii) de la glorification du pogrom du 7 octobre 2023 et de terroristes célèbres, (iii) de slogans favorables au Hamas, (iv) de croix gammées, ainsi que (v) d’appels à une « intifada mondiale ». Un étudiant irlandais de l’université of Limerick a été agressé par un professeur pour avoir apporté la contradiction à un conférencier antisioniste et déployé un drapeau israélien. À l’université de Coimbra au Portugal, les activistes antisionistes ont placardé des caricatures antisémites et des slogans anti-Juifs rappelant les années 1930 sur le campus et organisé le harcèlement d’un étudiant juif en placardant son nom et son visage sur le campus et appelant publiquement à l’agresser sans que les autorités universitaires ne réagissent. À l’ULB, le président de l’Union des Étudiants Juifs a été roué de coups lors d’une altercation en mai 2024, suite à quoi la rectrice de l’ULB a porté plainte contre l’étudiant agresseur, l’a traduit en conseil de discipline et attribué à son acte un caractère antisémite aggravant.
Liberté académique dénaturée et trahie
Pendant des siècles, les universités ont été considérées comme des lieux de production de savoirs universels et la liberté académique comme un rempart protégeant la production scientifique de ses membres contre les pressions politiques, religieuses ou financières venues de l’extérieur. En cédant aux pressions partisanes anti-israéliennes, les recteurs des universités concernées ont non seulement cédé à la perversion antisémite, mais ont rompu une norme professionnelle. Si une université s’engage en politique, elle perd sa neutralité et son financement public peut être remis en cause. La liberté académique perd sa raison d’être. C’est ce qui s’est passé aux Etats-Unis sous l’administration Trump. Elle se met aussi en position qu’on lui administre les remèdes qu’elle prône, par exemple le boycott. La Floride a déjà placé l’UGent, l’ULB et l’ULiège sur liste noire en raison de leur boycott d’Israël, jugé indigne d’une institution universitaire.
On accuse souvent l’UE de produire trop de normes, mais dans ce cas-ci, une charte européenne des universités serait bienvenue pour empêcher que les scandaleuses dérives des universités belges ne prolifèrent.
Édouard Brainis, Président de Belgian Friends of Israel
(Photo : Facebook E.B.)