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Boris Daune : « Je quitte la Belgique pour Israël parce que pour les Juifs, l’atmosphère belge est devenue irrespirable »

par Nicolas de Pape

Boris Daune, alias Bob Hasbara, est actif comme chroniqueur sur Radio Judaïca et LN24 et producteur du podcast Bob Hasbara où il décortique l’actualité en lien avec Israël et l’analyse du discours médiatique. Il prépare son départ pour Israël. Son choix ne relève pas d’un simple “idéal sioniste“: il traduit un malaise profond. Face à un climat qu’il juge “irrespirable” depuis le 7 octobre, à une perception médiatique hostile et à une solitude croissante des Juifs dans l’espace public, il estime que la Belgique offre de moins en moins de perspectives à ceux qui veulent vivre leur identité juive au grand jour. Les différents Pouvoirs (politique, judiciaire, policier et médiatique) considèrent les Juifs comme portion congrue, estime-t-il. A quelques exceptions près.

Un entretien de Nicolas de Pape

21 News : J’ai appris sur les réseaux sociaux que vous alliez quitter la Belgique pour faire votre “alyah” (montée) en Israël. C’est un pays en guerre, alors que la Belgique, malgré ses problèmes, reste en paix. Pourquoi ce choix ? Pour certains, cela peut paraître absurde. C’est un grand saut…

Boris Daune : Vous mettez le doigt sur un point essentiel. Je ne suis pas le seul dans ce cas. Depuis le 7 octobre, beaucoup de Juifs de Belgique ou de France envisagent l’alyah. Et le fait que des gens quittent un pays en paix pour un pays en guerre est interpellant.
Pour ma part, j’ai trouvé un appartement en Israël… dans une ville touchée par des missiles iraniens. Certains appartements que je devais visiter n’existent même plus, ils ont été détruits. Et pourtant, je me sens plus en sécurité là-bas qu’ici.
La différence ? En Israël, on n’est pas seuls. On sait que quelqu’un nous protège. Ici, en Belgique, on a un autre type de menace, plus diffuse, et on se sent abandonnés : pas de soutien des politiques, très peu de la police ou de la justice, sauf exceptions. Cette solitude est un poids énorme.

Sentiment d’abandon

21 News :  Vous parlez d’un sentiment d’abandon. Est-ce lié à la taille réduite de la communauté juive en Belgique (25 000 à 30 000 personnes) qui pousse les différents Pouvoirs à penser que vous êtes « expendable » (sacrifiables) ?

B.D. : Oui, je pense que ça joue. Politiquement, la communauté juive n’a plus beaucoup de poids électoral. Et comme vous le disiez, il y a aussi le problème médiatique.
Je ne blâme pas le Belge moyen d’être pro-palestinien ou anti-israélien : vu ce qu’il entend à la radio, voit à la télévision ou lit dans la presse, il est presque impossible de se faire une autre idée. Les médias présentent systématiquement Israël comme l’agresseur et les Palestiniens comme des victimes innocentes. Comment voulez-vous qu’un citoyen lambda ait une autre lecture ?
Certains politiciens de gauche, que je sais pourtant non antisémites personnellement, adoptent aujourd’hui des positions qui frisent l’antisémitisme, uniquement par calcul électoral ou cynisme. Et la propagande est telle qu’il est presque impossible d’affirmer publiquement un soutien à Israël.

« Les pessimistes sont partis en Palestine, les optimistes ont fini à Auschwitz »

21 News : Est-ce que vous conseillez à d’autres Juifs belges de partir aussi ?

B.D. : Je reste prudent. L’alyah est un choix très personnel : raisons financières, responsabilités familiales, attachement local… chacun a ses contraintes.
Mais il faut être lucide : une grande partie de la communauté pense aujourd’hui qu’il faudra partir tôt ou tard. La question n’est pas “faut-il partir ?” mais “quand partir ?”.
Aujourd’hui, beaucoup vivent dans une bulle : écoles juives, activités du week-end entre Juifs… mais l’espace public est perçu comme dangereux. Allez vous promener en kippa au centre de Bruxelles : vous tiendrez 15 à 30 secondes. Pour moi, l’avenir des Juifs en Belgique est compromis.

J’ai aussi cette mémoire familiale : ma famille venait de Rhodes (Grèce). Une moitié a survécu en partant en Palestine avant-guerre, l’autre moitié est morte dans les camps. Ma grand-mère me répétait : “les pessimistes sont partis en Palestine, les optimistes ont fini à Auschwitz.”
Aujourd’hui, je me demande : où est la ligne rouge ? On a déjà un médecin bruxellois qui refuse de soigner des Juifs, 50 enfants d’une colonie de vacances expulsés d’un avion en Espagne parce que juifs, des affiches antisémites dans Bruxelles avec des visages connus de la communauté… jusqu’où cela ira-t-il ?

« L’antisémitisme est un virus qui mute »

21 News :  Vous craignez donc une évolution vers le pire ? Certains disent qu’on est entre 1929 et 1932… Mais l’Union européenne, phare des Droits de l’homme ne va quand même pas rouvrir Treblinka !

B.D. : Non. Je ne pense pas qu’on revivra les années 30 avec des camps et des trains. Mais l’atmosphère devient de plus en plus irrespirable pour des Juifs qui veulent vivre librement leur identité. L’antisémitisme est un virus qui mute : au Moyen Âge, on haïssait les Juifs pour leur religion, dans l’Allemagne nazie pour leur “race”, et aujourd’hui, c’est sous forme d’antisionisme. Mais au fond, c’est le même mal.

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