Le Medef (Mouvement des entreprises de France) a lancé un simulateur interactif qui permet à chacun de visualiser la mécanique complète de son salaire : le brut, le net, et surtout ce qu’il coûte réellement à son employeur. L’outil compare ensuite la France à trois voisins européens — l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne — en appliquant les taux officiels de cotisations publiés par l’URSSAF, Deutsche Flagge, Confindustria ou encore le BOE. Les résultats montrent un écart persistant : à rémunération identique, le coût imputé à l’entreprise reste plus élevé en France que chez les trois autres.
Le simulateur procède par une mise en scène très simple, il suffit d’entrer son salaire — brut ou net, mensuel ou annuel — et les trois blocs qui composent la fiche de paie apparaissent aussitôt. C’est un dispositif volontairement épuré, qui met en avant l’écart entre ce que l’employeur verse (le « super brut »), ce que le salarié touche (le net) et ce qui se situe entre les deux : les cotisations sociales qui financent l’ensemble du modèle social.
L’exemple capturé pour un salaire brut de 3 000 € permet de comprendre la logique. Dans la colonne française, le simulateur affiche un salaire net de 2 370 €, après prélèvement de 630 € de cotisations salariales, soit 21 % du brut. Une autre indique le montant qui importe le plus au Medef, en l’occurrence 4 071 €, qui représente le coût total pour l’entreprise. Autrement dit, pour verser 3 000 € bruts, l’employeur débourse un peu plus d’un millier d’euros supplémentaires, l’essentiel provenant des 35,7 % de cotisations patronales.
C’est à partir de ce point précis que l’outil bascule vers la comparaison européenne. À côté de la fiche française apparaissent les chiffres homologues en Allemagne, Italie, Espagne. Le même salaire brut — 3 000 € — est donc appliqué aux trois cas, et, on le devine, le résultat change sensiblement selon le pays, car les cotisations ne sont pas prélevées au même niveau ni réparties de la même manière entre employeur et salarié.
Trois voisins, trois philosophies sociales
En Allemagne, le simulateur affiche un salaire net identique à celui de la France : 2 370 €. C’est la première surprise. Mais la seconde est plus intéressante à explorer, à savoir que le coût total pour l’employeur descend à 3 675 €, soit –9,7 % par rapport au coût français. L’Allemagne n’est pas un pays où l’on verse des salaires nets beaucoup plus élevés pour un même brut mais c’est un pays où les charges patronales sont moins lourdes. Selon les données reprises du site Deutsche Flagge, les cotisations employeur y pèsent moins dans le coût final, ce qui explique cet écart d’environ 400 € par mois pour un salarié équivalent.
L’Italie fonctionne encore différemment. Dans notre exemple, le net s’élève ici à 2 724 €, soit plus de 350 € de plus que le net français pour un même brut de départ. Mais la facture totale pour l’employeur, elle, diminue beaucoup moins que dans le cas allemand : 3 930 €, soit –3,5 % par rapport à la France. D’après les taux retenus par le Medef, issus des données italiennes de Confindustria, l’Italie compense un net plus généreux par un système de cotisations où le poids se répartit de manière plus homogène entre salariés et employeurs. Le coût du travail y est moins élevé qu’en France, mais l’écart reste modéré.
Enfin, l’Espagne. Le pays affiche le net le plus élevé des trois voisins : 2 806 €, selon les taux du BOE appliqués par le simulateur. C’est plus de 430 € de plus qu’en France pour un même brut. Pourtant, et c’est ici que le comparatif devient le plus saisissant, le coût total pour l’employeur ne dépasse que très légèrement celui observé en Italie : 3 962 €, soit une baisse de 2,7 % par rapport à la France. L’Espagne combine donc un net supérieur et une charge patronale moindre — ce qui en fait, dans cette petite démonstration comparative, le pays hôte le plus favorable au salarié.
Un tableau trivial qui parle de lui-même
Le simulateur n’interprète néanmoins pas ce qu’il montre ces trois lectures d’une même réalité. Dans les trois scénarios, le net salarié ne diverge pas drastiquement — il varie de quelques centaines d’euros, ce qui n’est pas insignifiant mais reste mesuré. Ce sont surtout les cotisations patronales qui creusent l’écart entre les quatre pays. Là où la France demande à l’employeur de supporter un bloc de cotisations de plus de 35 % du brut, l’Italie, l’Espagne et surtout l’Allemagne utilisent d’autres répartitions, souvent plus favorables à l’entreprise (et au moins autant au salarié), ce qui réduit le montant global du « super brut ».
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