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Sansal libéré : une gifle pour Emmanuel Macron et l’Europe (Édito)

par Nicolas de Pape

Le 10 novembre, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a publiquement demandé à son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune – avec qui il entretient d’excellentes relations -, de gracier l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 80 ans, incarcéré depuis un an en Algérie. L’auteur de 2084, malade, a été condamné à cinq ans de prison pour avoir affirmé que le Sahara occidental appartient au Maroc – un propos jugé comme une « atteinte à l’unité nationale » par Alger.

Ce 12 novembre, l’Algérie a déclaré accepter de le gracier. L’écrivain est arrivé en Allemagne dans l’après-midi et a reçu immédiatement des soins dans un hôpital militaire.

Ce geste humanitaire demandé et obtenu par Berlin est tout sauf anodin. L’Allemagne s’impose comme interlocuteur privilégié d’Alger là où la France s’est montrée incapable d’obtenir quoi que ce soit, alternant le chaud (reprise de dialogue) et le froid (la fermeté).

Bien que la France feigne d’être l’organisatrice de cette libération ayant agi dans la coulisse, c’est un camouflet diplomatique pour Emmanuel Macron, resté muet ou embarrassé sur le sort d’un écrivain qu’il prétendait pourtant admirer.

L’Union européenne et sa « diplomatie » quelque peu fantoche, ont fait preuve de la même tiédeur, laissant l’Allemagne occuper seule le terrain moral. Et tandis que la gauche française détourne le regard – notamment la mouvance LFI, peu encline à soutenir un romancier qui dénonce sa clientèle islamiste –, c’est Berlin qui, ironiquement, parle aujourd’hui au nom de la liberté d’expression.

Tebboune a-t-il voulu humilier Macron ? Très probablement. L’affaire Sansal illustre l’affaiblissement continu de la diplomatie française en Afrique du Nord, incapable de défendre ses propres citoyens, ni ses valeurs. Paris s’efface, Berlin avance : pour Sansal, l’humiliation de la France est ironiquement devenue son sésame pour la liberté retrouvée.

Nicolas de Pape

(Photo Hans Lucas Collection : visage de Boualem Sansal sur une banderole placée sur l’Hôtel de Ville de Valence, 18 avril 2025)

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