Seuls 35% des francophones belges font confiance aux médias contre 51% des néerlandophones. 14% seulement prêts à payer.
Seuls 35 % des francophones belges déclarent faire confiance aux médias (contre 51% en 2016 !), nettement moins que les 51 % côté néerlandophone. L’écart se creuse et reflète un double désamour : envers les journalistes, et envers les institutions qui les financent. En dix ans, la presse a perdu une partie de sa crédibilité… surtout en Wallonie et à Bruxelles. Seuls 14 à 16% sont prêts à payer.
Une fracture de confiance qui s’aggrave
Le Digital News Report 2025 du Reuters Institute confirme une tendance bien ancrée : les Belges francophones sont nettement plus méfiants envers leurs médias que les néerlandophones. Ils ne sont que 35 % à leur faire confiance, contre 51 % côté flamand. La moyenne belge plafonne à 43 %.
La chute est sévère depuis 2016 : la confiance globale atteignait alors 51 %, dont 59 % en Flandre et 39 % en Communauté française. La défiance s’est donc ancrée dans la durée, malgré les efforts de repositionnement et de numérisation des médias traditionnels.
RTBF et VRT résistent
Crédibilité ou gratuité? Malgré la crise de confiance, les chaînes publiques résistent : la RTBF reste la plus suivie par les francophones (40 % la regardent au moins une fois par semaine), devant RTL News (36 %) et TF1 (21 %). En ligne, RTL Info domine (31 %), suivi du Soir (25 %) et de la RTBF (24 %).
Côté flamand, VTM (34 %), VRT (32 %) et Het Laatste Nieuws (23 %) dominent le hors ligne. En ligne, Het Laatste Nieuws écrase la concurrence (44 %), devant VRT NWS (35 %) et Het Nieuwsblad (20 %).
Le grand refus de payer
La défiance s’accompagne d’une faible disposition à payer pour l’information. Seuls 16 % des Belges — 14 % des francophones et 17 % des néerlandophones — payent pour des contenus en ligne. Une proportion trop faible pour garantir la survie des modèles payants, surtout pour le journalisme d’investigation.
La presse écrite résiste numériquement : la baisse des ventes papier est compensée par les versions digitales. Mais la fin de la concession fédérale pour la distribution subventionnée de journaux pèse lourd, tout comme l’emprise de Google et Meta sur la publicité.
Un avenir incertain
Selon le Pr Ike Picone (VUB), la survie économique des médias belges dépendra de choix stratégiques rapides : adaptation numérique, régulation des plateformes, et intégration intelligente de l’IA dans la chaîne de production éditoriale.
Mais au cœur du problème demeure la crise de légitimité. Tant que les médias francophones n’auront pas reconquis leur public, par la transparence et la diversité des points de vue, ils risquent de rester prisonniers d’un entre-soi coupé de la société.
La rédaction
(Photo by Riccardo Milani / Hans Lucas via AFP)