C’est une petite révolution dans le paysage audiovisuel mondial. À partir de l’été 2026, les abonnés Netflix en France pourront regarder « Koh Lanta », « The Voice », le JT de 20h ou encore les feuilletons quotidiens de TF1 sans quitter la plateforme américaine. TF1 devient ainsi le premier grand diffuseur à voir ses chaînes en direct intégrées à Netflix. Un pari audacieux pour le groupe français, qui joue sur deux tableaux : sa plateforme gratuite TF1+ et le mastodonte payant du streaming mondial.
Jusqu’ici, jamais Netflix n’avait intégré les flux en direct d’un opérateur externe. Ce partenariat inédit permettra d’accéder, depuis Netflix, aux cinq chaînes de TF1 (TF1, LCI, TMC, TFX et TF1 Séries Films) ainsi qu’à une sélection de contenus de TF1+, la plateforme de replay et de streaming lancée en 2024.
Pour Greg Peters, co-CEO de Netflix, cette alliance répond à une « demande évidente du public français », qui considère Netflix comme une « porte d’entrée vers la télévision ». Un virage stratégique pour le géant américain, encore peu présent sur le direct ou les événements sportifs, mais qui tente une percée — comme en témoigne la diffusion d’un match de boxe entre Jake Paul et Mike Tyson ou de matchs de la NFL.
Une stratégie à double détente pour TF1
Rodolphe Belmer, PDG de TF1, assure que « TF1+ reste au cœur de notre stratégie ». Mais il parie sur la complémentarité des publics. Netflix permettra de toucher un public abonné, habitué à la recommandation algorithmique, et donc plus enclin à rester captif. Un canal supplémentaire, donc, pour monétiser les programmes financés par la publicité.
TF1 n’ignore pas le risque de cannibalisation de sa propre plateforme gratuite, mais l’a évalué. Le pari : utiliser Netflix comme levier pour renforcer l’audience globale de ses contenus dans un marché fragmenté, où la concurrence vient désormais autant de YouTube que des géants du streaming payant.
Contenus stars et feuilletons populaires
Du sport aux variétés, en passant par les fictions quotidiennes, le groupe TF1 compte faire valoir ses points forts. « HPI », « Demain nous appartient », « The Voice » ou les grands JT devraient se faire une place dans les playlists Netflix. Le succès de leur coproduction « Tout pour la lumière », déjà diffusée sur les deux plateformes, a fini de convaincre les dirigeants.
Ce rapprochement pourrait aussi servir de laboratoire pour d’autres alliances : entre télévision traditionnelle et plateformes mondialisées, entre formats courts et programmes familiaux, entre direct et algorithmes.
Un précédent qui pourrait faire école ?
Le montant de l’accord reste confidentiel, tout comme le partage des recettes publicitaires. Rien ne dit pour l’instant si Netflix reproduira ce modèle avec d’autres groupes audiovisuels, en France ou ailleurs. Mais l’ouverture est là : la plus grande plateforme de streaming s’allie au plus puissant diffuseur privé français.
Une révolution douce, mais décisive, dans la bataille pour le temps d’écran des foyers francophones.
La rédaction
(Photo by Chris DELMAS and Martin LELIEVRE / AFP)