Dans un entretien accordé au Soir, le président du PS Paul Magnette (photo) affirme que la limitation dans le temps des allocations de chômage ne sera jamais remise en cause, tout en revendiquant la dynamique retrouvée de son parti dans l’opposition.
À la tête d’un Parti socialiste en progression dans les sondages, Paul Magnette assume une ligne claire : malgré les critiques adressées au gouvernement fédéral, il n’y aura pas de retour au chômage à durée illimitée. « Jamais le chômage ne reviendra à durée illimitée, c’est impossible », tranche-t-il, balayant une question qui revient régulièrement dans le débat public depuis l’entrée en vigueur de la réforme.
Le président du PS attribue la remontée de son parti à un travail d’opposition méthodique face au gouvernement conduit par Bart De Wever. Selon lui, la dynamique ne relève pas d’un simple réflexe électoral mais d’un travail de fond, nourri par l’analyse des textes budgétaires et des réformes sociales. Il cite notamment l’abandon envisagé de certaines mesures concernant les enseignants comme un succès directement lié à l’action socialiste.
Sur la question sensible du chômage, Paul Magnette se veut réaliste. Revenir en arrière serait, selon lui, politiquement et juridiquement impossible. « Tous les gens qui ont perdu leurs droits, on ne pourra pas les leur rendre », souligne-t-il, ajoutant qu’aucune formation politique n’accepterait aujourd’hui de détricoter la réforme. Pour le PS, l’enjeu n’est donc pas le retour au statu quo, mais la construction de nouveaux mécanismes d’accompagnement vers l’emploi, avec une attention particulière portée aux publics les plus fragiles.
Le président socialiste alerte toutefois sur les conséquences sociales de la réforme, en particulier dans les grandes villes. Il évoque une situation déjà préoccupante à Charleroi, où des personnes privées d’allocations se retrouvent sans repères ni solutions immédiates. À ses yeux, miser sur la sanction pour atteindre le plein-emploi relève d’une « naïveté absolue ».
Paul Magnette défend ainsi une ligne d’équilibre : pas de retour au chômage illimité, mais une critique ferme d’une réforme qui, selon lui, risque d’aggraver la précarité si elle n’est pas accompagnée de véritables politiques d’insertion et de formation.
Harrison du Bus
(BELGA PHOTO ERIC LALMAND)
