Une carte blanche de Maëlie Kate Jalali, juriste et entrepreneure belgo-québécoise d’origine iranienne.
Le régime islamique est plus faible que jamais. Menacé d’extinction, il fait ce qu’il maîtrise le mieux : l’élimination de sa véritable opposition. De plus en plus de monarchistes sont kidnappés, enfermés dans les geôles du régime, torturés jusqu’à ne plus être reconnaissables physiquement, marginalisés et privés de toute visibilité médiatique. D’autres sont exécutés, assassinés dans le silence. Car la seule crainte réelle de la République islamique repose sur le retour de la monarchie Pahlavi, portée par une nation éveillée et éclairée, qui considère ce régime comme une force d’occupation.
Le meurtre systématique des monarchistes a commencé dès 1979 et se poursuit encore aujourd’hui, toujours dans le silence.
Le dernier en date : Maître Khosro Alikordi, avocat de renom engagé dans la défense des prisonniers politiques, comme Fatemeh Sepehri, et lui-même partisan de la monarchie Pahlavi. Il a été retrouvé mort dans son bureau, et tout porte à croire qu’il s’agit d’un meurtre. Les agents du régime se sont précipités pour emporter les caméras, témoins d’un nouveau crime perpétré par le régime. Un modus operandi bien trop familier aujourd’hui pour être nié.
Le peuple réclame l’Iran, mais pas n’importe lequel : celui des Pahlavi.
À Mashhad, l’une des villes supposées être parmi les plus religieuses, ainsi qu’à Khorassan, des milliers d’Iraniens se sont rassemblés pour lui rendre hommage.
Et quel hommage.
À plusieurs reprises, Me Alikordi avait exprimé ses convictions politiques : « Vive la dynastie Pahlavi, bâtisseuse de l’Iran. » Les Iraniens ont non seulement respecté sa volonté, mais ont aussi trouvé le courage d’exprimer la leur à travers des slogans sans équivoque :
– « C’est la dernière bataille, Pahlavi retournera »
– « King Reza Pahlavi »
– « Ô roi de l’Iran, retourne en Iran »
– « Le Shah va revenir, Zahhak sera renversé » (en référence au tyran de la mythologie perse, ici Ali Khamenei)
– « Prince Reza Pahlavi, où es-tu ? Viens à notre secours »
– « Reza Pahlavi, c’est notre slogan national »
– « Mort à Khamenei »
Ces slogans sont un cri, un appel, un message venu d’un peuple qui, à défaut de pouvoir décider de son destin dans les urnes, l’exprime dans la rue. Il rejette l’occupation islamique en scandant « Javid Shah » (« vive le roi », ou littéralement : éternel soit le roi), ce qui constitue également une réponse au « mort au roi » des séditieux de 1979 et au « ni shah, ni mollah » des moudjahidines.
Le peuple réclame l’Iran, mais pas n’importe lequel : celui des Pahlavi.
Dire non à la République islamique ne suffit plus. Le peuple désigne désormais, plus haut et plus fort, au péril de sa vie, son remplacement. Une manière de répondre aux tentatives visant à lui imposer un dirigeant.
Narges Mohammadi, et d’autres figures de la gauche iranienne présentes sur place, ont fait face à une absence totale de soutien et à une foule scandant à l’unisson des slogans pro-Pahlavi et monarchistes, refusant ainsi de les entendre. C’est un échec pour les anti-Pahlavi, les séditieux de 1979. C’est l’effondrement de la censure et de la propagande, des leaders fabriqués, imposés et impopulaires. C’est la victoire d’une vérité longtemps censurée, la victoire des voix étouffées par ceux qui se prétendent démocrates mais traînent depuis toujours leur rêve de domination.
Tout mouvement réellement démocratique aurait accepté cette expression de la volonté populaire.
Une volonté qui n’a pas non plus épargné les trois groupes dont l’alliance a détruit l’Iran : « les mollahs, la gauche et les moudjahidines (en référence à la MEK, rebaptisée CNRI) ». La renaissance iranienne n’est donc pas seulement une dé-islamisation, mais aussi un détachement de la gauche radicale, qu’il s’agisse de sa version iranienne, comme le Tudeh, ou de modèles socialistes imposés de l’extérieur.
La ligne est désormais profondément tracée.
La communauté internationale ne devrait pas se fier aux nombreux experts autoproclamés de l’Iran qui, par le maniement des mots, tentent de donner une image de force à la République islamique, prétendant que le régime mobilise la nation contre la guerre, comme l’affirme d’ailleurs la télévision officielle. Transformer cet objectif du régime en victoire revient à agir comme son porte-parole. Longtemps, ces individus ont tenté, en infiltrant les centres de recherche et les médias, de normaliser le régime en prônant la diplomatie. Or, l’histoire démontre que la diplomatie avec les régimes de terreur ne fonctionne pas : elle leur offre au contraire du temps. Du temps pour s’enraciner plus profondément sous la peau d’une nation et la faire disparaître. Durer le plus longtemps possible pour se propager jusqu’aux racines de la civilisation occidentale. La paix ne sera atteinte que lorsque le monde s’unira pour aider un peuple à se libérer d’un régime néfaste.
Écoutez plutôt le peuple, sa voix résonnant dans les rues de Mashhad, et observez les signes dévoilant un régime des ayatollahs à son point le plus faible, agissant non pas en position de force, mais de faiblesse et de vulnérabilité, guidé par la peur, dans le seul but de retarder une chute lente mais inévitable. Un régime qui annonce en fanfare une victoire sur Israël et les États-Unis, mais qui n’est capable de s’en prendre qu’au peuple désarmé d’Iran, la seule cible qu’il lui soit possible de réprimer. Avec Khamenei caché dans un trou à rats, ce n’est pas une image de force qui s’impose à l’esprit, mais celle de la panique de l’obscurantisme sous le poids d’un peuple de plus en plus éclairé. Le monde est témoin de la mise à mort de l’occupation islamique par les descendants de Cyrus le Grand.
Ainsi, la parenthèse forcée du régime islamique dans vingt-cinq siècles de monarchie iranienne se refermera par la main de son peuple, soutenant le monarque en exil et leader de l’opposition, Reza Pahlavi. N’en déplaise à certains.
Mais nous, depuis notre Europe directement touchée par l’obscurantisme, allons-nous enfin soutenir la volonté clairement exprimée par les Iraniens ? Pour vaincre, toute lutte a besoin d’alliés.
Maëlie Kate Jalali, juriste et entrepreneure belgo-québécoise d’origine iranienne
(Photo d’illustration : Atta Kenare / AFP)