À Bruxelles, le président de la fédération socialiste, Ahmed Laaouej, s’est vu confier lundi la mission de poursuivre les discussions menées ces dernières semaines avec divers partis, dans l’optique de faire émerger une coalition progressiste à l’échelle régionale. Une initiative confirmée à l’issue du bureau politique du PS bruxellois. Mais sur le flanc néerlandophone, les portes restent closes dès qu’il est question d’un rapprochement avec le PTB.
Tout est parti d’un appel lancé à la veille du 1er mai : 89 personnalités de la société civile — syndicalistes, universitaires, artistes, avocats, militants associatifs — plaidaient pour une majorité de progrès capable de sortir la Région du statu quo institutionnel. Les socialistes bruxellois s’étaient alors dits disponibles pour contribuer à cet élan, d’autant que, depuis le 24 avril, le MR leur a opposé une fin de non-recevoir, rompant les accords antérieurs.
Une dynamique de gauche
Dans l’ombre, les libéraux poursuivent leur propre stratégie : former un gouvernement minoritaire avec les Engagés et DéFI. Une déclaration de politique générale est annoncée pour les prochains jours, avec un passage en séance plénière prévu mercredi.
De leur côté, les socialistes n’ont pas encore révélé quels partis ils comptaient convier à la table. Ils comptent sur les réactions suscitées par l’appel citoyen de fin avril pour construire une dynamique. Le trio PS-Ecolo-PTB semble naturellement pressenti, un scénario déjà concrétisé dans certaines communes, notamment à Mons, Forest ou Molenbeek.
Laaouej espère convier toutes les forces progressistes de Bruxelles qu’il devrait recevoir ce mardi soir : PS, Ecolo, PTB, Groen, Vooruit, Team Fouad Ahidar.
Chez Ecolo, on reste prudent. Les verts francophones, battus lors des élections du 9 juin, disent prendre acte de l’initiative et n’excluent pas d’entrer dans le jeu, à condition qu’un contenu politique substantiel leur soit proposé. Santé publique, climat, logements sociaux et gouvernance stable figurent parmi leurs exigences minimales.
Le PTB, de son côté, confirme des échanges informels mais se garde bien de parler de négociations. Le parti communiste entend surtout évaluer dans quelle mesure un exécutif bruxellois serait réellement en capacité de mener une politique de rupture. Jusqu’ici, le PTB n’a fait son entrée que dans des majorités locales, jamais à l’échelon régional.
L’ouverture est donc là, mais les obstacles restent considérables. DéFI, affaibli par ses propres tensions internes, reste à l’écart. Quant aux Engagés, ils n’envisagent aucun scénario impliquant le PTB et se tiennent pour l’instant derrière l’option MR.
En termes arithmétiques, une combinaison PS-Ecolo-PTB atteindrait tout juste la majorité francophone (38 sièges sur 72). Mais cette hypothèse aurait des répercussions immédiates côté néerlandophone, où une coalition incluant Groen, Vooruit, Open Vld, N-VA et CD&V s’est déjà structurée. Ces partis rejettent en bloc toute participation du PTB.
La Rédaction
(Photo Belga : Éric Lalmand)