« Le courage parfois, c’est changer les choses. » Ministre en charge des Médias et de la Fonction publique, Jacqueline Galant (MR) est au cœur de plusieurs dossiers sensibles en Fédération Wallonie-Bruxelles et en Wallonie. Dans cet entretien sans détour, « la dame de fer de Jurbise » revient sur la réforme des médias de proximité qui a récemment provoqué des tensions au sein de la majorité MR-Les Engagés. Connue pour son côté bulldozer et volontariste, Jacqueline Galant s’est aussi forgée en quelques mois une solide réputation de médiatrice avec les Engagés, l’opposition et même les syndicats. Elle s’exprime aussi sur la gouvernance de la RTBF, l’ouverture de la fonction publique à de nouveaux profils et sur les risques qu’elle voit planer sur la neutralité de l’État, avec le projet d’une chaîne salafiste en Belgique.
21News : Commençons par l’actualité, avec la petite crise de la semaine au sein de la majorité MR-Engagés autour de la réforme des médias de proximité. Vous ne vous attendiez pas à cette réaction des Engagés, notamment via la sortie très critique de la députée Armelle Gysen dans les médias ?
Jacqueline Galant : Au niveau du gouvernement, j’avais prévenu la ministre-présidente que je travaillais en concertation. C’était le troisième groupe de travail. Il ne s’agissait pas d’une note gouvernementale, mais bien d’un document de concertation. La procédure suivie était donc parfaitement normale. Armelle avait d’ailleurs déjà déposé une question parlementaire la semaine précédente, tout à fait légitime, demandant où en étaient les discussions. Il n’y avait rien de polémique.
Nous avons donc été assez surpris par la réaction médiatique. Cela donnait surtout l’impression que les Engagés ne s’étaient pas concertés en interne. En tant que ministre, mes interlocuteurs sont les membres du gouvernement, pas directement les parlementaires. J’ai été choquée par cette sortie, d’autant plus que notre collaboration avec la ministre-présidente est excellente. En majorité, il est d’usage de se parler entre partenaires avant de faire une sortie publique. Cela n’a pas été le cas ici, ce que je déplore.
J’ai exprimé mon étonnement auprès de notre partenaire de majorité. Finalement, lors de la séance au Parlement, Armelle n’a pas du tout repris le ton de son intervention médiatique de la veille. Elle a posé sa question et s’est montrée très soutenante envers la réforme.
21News : Cela n’a-t-il pas donné l’image d’une cacophonie gouvernementale ?
J.G. : Pas du tout. Le dossier n’est pas encore passé en gouvernement. Nous sommes encore dans une phase de concertation. Ce malaise vient probablement d’un groupe de la majorité, sans vouloir être péjorative. Il s’agit peut-être de nouveaux parlementaires qui ne maîtrisent pas encore les rouages du travail en majorité.
« Il faut arrêter de financer des structures qui ne fonctionnent plus »
21News : Le dossier semble sensible. Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de cette réforme ?
J.G. : Cette réforme figure dans la DPC. Ce n’est pas une initiative improvisée. Nous avons une feuille de route claire : la DPR et la DPC prévoient des objectifs ambitieux, notamment concernant les médias de proximité. Tout le monde connaît la situation financière difficile de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de ces médias, qui sont des ASBL privées vivant quasi exclusivement de subventions publiques. Beaucoup d’entre elles sont en faillite comptable.
Il faut arrêter de financer des structures qui ne fonctionnent plus. L’argent public n’est pas gratuit. Il faut le mobiliser de manière responsable. Un certain sous-localisme complique encore la situation. Même au sein du MR, certains bourgmestres s’opposent à la réforme. C’est pourquoi, à l’issue d’un conseil de parti, notre président a rappelé notre soutien, soulignant qu’elle figure dans la DPC et que chacun doit faire des efforts.
L’objectif est de créer des synergies. Initialement, j’avais proposé un média de proximité par province. Après des visites de terrain et les retours du groupe de travail, nous avons fait deux exceptions pour les grandes provinces. C’est la preuve que j’écoute. La simplification administrative, très attendue, est également au cœur de la réforme.
21News : Vous ne supprimez donc rien directement ?
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