Parmi les nombreuses tragédies politiques du XXe siècle, peu illustrent aussi brutalement la mécanique d’une alliance opportuniste débouchant sur une purge que celle entre les communistes iraniens et l’ayatollah Khomeiny. Entre 1979 et 1984, l’homme fort de la République islamique passe de l’appel à l’unité révolutionnaire à l’éradication méthodique de ses anciens compagnons de route marxistes. La gauche iranienne a été l’idiote utile de Khomeiny. À méditer pour les nombreux islamo-gauchistes européens magnanimes envers Khamenei ?
Tout commence par une alliance de circonstance. Dès 1978, les communistes iraniens – principalement le Parti Tudeh (pro-soviétique) et les groupes armés comme les Fedayin-e Khalq – rejoignent la contestation populaire contre le Shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi. Exilé en France dans un très confortable château aux frais du contribuable français, Khomeiny appelle à l’unité de toutes les forces anti-impérialistes, promet une république du peuple, sans prépondérance du clergé. Il rassure les marxistes, vante les opprimés, condamne l’Occident et dénonce l’inégalité. La gauche adhère : le Tudeh apporte son soutien total au projet de république islamique.
En France, Michel Foucault loue “le saint-homme Khomeiny” et voit dans sa révolution une spiritualité bienvenue. Son analyse est que le clergé chiite ne prendra pas le pouvoir… Jean-Paul Sartre rend visite audit saint-homme et en ressort rassuré…
La révolution de février 1979 donne l’illusion d’un front révolutionnaire uni. Les communistes participent activement aux manifestations, aux grèves et même aux combats de rue. En avril, lors du référendum constitutionnel, ils appellent à voter « oui ». L’objectif : dégager le Shah, chasser l’Amérique, rétablir la justice sociale. Les communistes croient pouvoir peser sur la suite. Ils se trompent lourdement.
Des promesses d’unité à l’élimination programmée
Derrière les appels à l’unité, Khomeiny prépare en réalité une prise de pouvoir totale par les religieux. L’Assemblée chargée de rédiger la nouvelle Constitution est composée presque exclusivement de ses fidèles. Le texte introduit la tutelle du Guide suprême, le Conseil des gardiens et l’exclusion de toute idéologie athée.
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