Pour le spécialiste en énergies et professeur à l’ULiège, la chute des prix du brut ne pourra que provoquer une vague d’inflation dans un marché où les prix de l’énergie ont atteint des plus bas. Il faudra par ailleurs sans doute subsidier les industriels pour relancer Tihange 1, prévient-il.
21News : Vous releviez il y a quelques jours que les prix du brut avait atteint un plus bas ; qu’au contraire, les prix du gaz naturel montaient et que, je vous cite, « la prochaine vague d’inflation ne sera pas causée par des problèmes de chaînes d’approvisionnement ou de coût du travail, mais bien par les prix de l’énergie. Pourriez-vous nous expliquer cela ?
Damien Ernst : Il faut dire tout d’abord que l’inflation a été maintenue sous contrôle dans les pays occidentaux parce que l’on a bénéficié d’une diminution du prix du gaz et du pétrole ces dernières années. Actuellement, pour le prix du gaz naturel liquéfié, on se place à de l’ordre de 27 euros le mégawattheure ; ce qui n’est pas très cher. Quant au prix du baril de brut, il a chuté à 60 dollars, à un prix où les compagnies spécialisées atteignent un seuil critique de rentabilité et certains commencent à abandonner certains projets d’exploration ou de développement de champs pétroliers. On remarque également cette tendance aux États-Unis dans la filière de pétrole et de gaz de schiste. On a atteint, à 60 dollars le baril, le plus bas que l’on pouvait atteindre pour le pétrole, et donc ce dernier va sans doute augmenter, ce d’autant plus que la demande en brut est quand même assez forte – elle a été complètement sous-estimée. On est toujours à 106 millions de barils par jour, ce qui représente pour 2025 une augmentation de deux millions de barils par jour. Donc le prix du pétrole va augmenter, quant au prix du gaz ; il est faible. Je pense personnellement qu’il va augmenter lui aussi.
Cela me laisse penser ceci : les États-Unis, qui sont dans une zone où le prix du gaz était très bon marché (ce qui leur permettait d’exporter), sont passés en un an ou un peu plus de 8 euros par mégawattheure à 15 euros par mégawattheure. Or c’est quand même eux les gros exportateurs de gaz liquéfié dans le monde et rien n’indique, au regard des prix pratiqués dans leur marché domestique, qu’ils soient encore capables de continuer d’exporter, justement, à si bas prix. Ce d’autant plus que la liquéfaction du gaz entraîne des coûts supplémentaires à l’exportation, de l’ordre de 8 euros par mégawattheure. Pour le prix du gaz, nous sommes aussi, je pense, à un « plus bas ». Cela risque de rebondir, ce qui va provoquer de l’inflation. Nous sommes arrivés, je pense, à un minimum en ce qui concerne les coûts de production causés par l’énergie. L’inflation, en tout logique, va s’ensuivre.
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