Le 1er janvier 2026, la Bulgarie deviendra le 21ᵉ État membre de l’Union européenne à adopter la monnaie unique. Un tournant historique, qui suscite pourtant de fortes inquiétudes dans ce pays le plus pauvre de l’UE, plongé dans une nouvelle crise politique après la démission du gouvernement.
Privés de gouvernement depuis la chute de l’exécutif, renversé mi-décembre par d’importantes manifestations anticorruption, les Bulgares s’apprêtent à vivre un Nouvel An pas comme les autres. Dix-neuf ans après leur adhésion à l’Union européenne, les 6,4 millions d’habitants de ce petit pays des Balkans abandonneront le lev pour l’euro. Après la Croatie en 2023, la Bulgarie deviendra ainsi le 21ᵉ pays de la zone euro – que la Belgique avait rejointe dès 2002.
« Je ne suis pas inquiet », répète le Premier ministre démissionnaire, Rossen Jeliazkov. Un mantra qui peine toutefois à masquer les craintes d’une large partie de la population. Le pays affiche toujours le niveau de vie le plus bas de l’Union, avec un salaire net moyen de 780 euros par mois. Et l’inflation continue de peser lourdement sur le quotidien : en novembre, les prix de l’alimentation ont encore progressé de 5 %, soit deux fois plus que la moyenne européenne.
La peur des arrondis
Au cœur des inquiétudes figure la crainte d’arrondis défavorables qui viendraient rogner le pouvoir d’achat. Selon un sondage de l’institut Alpha Research, 27 % des Bulgares se disent pessimistes à l’approche de 2026, contre 16 % un an plus tôt. « L’expérience d’autres pays montre que si la transition est bien encadrée afin de prévenir les abus, l’impact du passage à l’euro reste limité », assure pourtant Dimitar Radev, gouverneur de la Banque nationale bulgare.
Mais le climat politique n’aide guère à rassurer. En cinq ans, le pays a vu sept gouvernements tomber, signe d’une profonde défiance envers les institutions. « Cette instabilité reflète l’exaspération des Bulgares face à un problème devenu banal : la corruption », analyse Boryana Dimitrova, directrice de l’institut Alpha Research.
Le passage à l’euro inquiète d’autant plus que l’usage des espèces reste très répandu. Pour limiter les risques d’arnaques, la police appelle les consommateurs à privilégier les paiements par carte. Mais les banques ont déjà prévenu : les terminaux de paiement et les achats en ligne seront indisponibles pendant au moins quatre heures, dans la nuit du réveillon. Les distributeurs de billets seront également à l’arrêt. Le 31 décembre, de 21 heures à 1 heure du matin, seules les espèces permettront de régler ses achats.
La rédaction
(Photo Belgaimage)