Le Chili a élu dimanche José Antonio Kast à la présidence avec plus de 58 % des suffrages. Porté par la peur du crime, l’exaspération migratoire et l’échec du cycle politique ouvert en 2019, ce conservateur assumé devient le président chilien le plus à droite depuis le retour de la démocratie. Derrière les caricatures et les procès d’intention, son succès dit surtout l’état d’un pays lassé des expérimentations et en quête de sécurité.
La victoire est nette et brutale par son ampleur. Avec plus de 58 % des voix face à la candidate communiste Jeannette Jara, José Antonio Kast n’a pas seulement remporté une élection, il a clos un chapitre, celui d’un Chili travaillé par la promesse de refondation issue des mobilisations de 2019, et rapidement rattrapé par une insécurité croissante, une immigration mal maîtrisée et une désillusion politique profonde. À 59 ans, père de neuf enfants, catholique revendiqué, Kast accède au palais de La Moneda avec un mandat clair, mais chargé d’ambiguïtés.
Une victoire née de la peur et de la fatigue
Le scrutin n’a rien d’un accident. Depuis plusieurs années, le Chili voit se fissurer sa singulière sécurité relative et sa stabilité institutionnelle enviée. Si le pays demeure l’un des plus sûrs de la région, la perception a toutefois radicalement changé. Les homicides ont plus que doublé depuis le milieu des années 2010, les enlèvements et les crimes violents se sont multipliés, et l’irruption de réseaux criminels transnationaux, notamment vénézuéliens, a profondément marqué l’opinion.
À cette angoisse sécuritaire s’ajoute une immigration rapide et mal absorbée. En quelques années, le nombre de migrants en situation irrégulière a explosé, faisant de la frontière nord un symbole de l’impuissance de l’État. Kast a su capter cette inquiétude sans détour, il veut un mur, des tranchées, une surveillance militaire et des expulsions massives. Là où ses adversaires parlaient d’équilibres et de droits, lui promettait des résultats. Dans les urnes, le message a porté.
Kast, un conservateur sans masque
Ancien député issu de la droite traditionnelle, José Antonio Kast a rompu en 2016 avec son parti historique, l’Union démocrate indépendante, qu’il jugeait trop tiède, trop gestionnaire, trop éloignée de ses principes fondateurs. En créant son propre mouvement, puis le Parti républicain, il s’est libéré de toute contrainte d’alliance et a assumé son discours sans fard, d’autorité, d’ordre, de frontières et de valeurs conservatrices.
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