Accueil » Deux poids, deux mesures (carte blanche)

Deux poids, deux mesures (carte blanche)

par Contribution Externe
Photo by Alessandro Bremec / ipa-agency.net/IPA/Sipa USA

Il y a des indignations qui sonnent creux. Tandis que les Pays-Bas, l’Espagne, l’Irlande ou la Slovénie annoncent leur boycott de l’Eurovision à cause de la présence d’Israël – pays démocratique, faut-il encore le rappeler –, d’autres s’en prennent au gouvernement belge pour oser participer à ce concours musical. Et tout cela pendant que, ironie du calendrier, la Belgique découvre son adversaire iranien pour la prochaine Coupe du Monde de football. Là, plus personne ne s’indigne. Pas un mot, pas un geste, pas un appel au boycott. Le deux poids deux mesures saute aux yeux.

Où sont passées les grandes âmes offensées ? Où sont les pétitions enflammées, les tribunes s’indignant de la présence d’un régime qui pend ses opposants, qui assassine les femmes pour un voile mal mis et qui bâillonne toute contestation ? L’Iran, dictature islamiste, pourra fouler les pelouses des stades avec les honneurs dus à un État « respectable », pendant qu’Israël, seule démocratie du Moyen-Orient, serait devenu indigne de chanter une chanson. Cherchez l’erreur…

Soyons clairs, le sport comme la musique doivent rester des espaces apolitiques, des moments où les peuples se rencontrent malgré leurs différends. Mais ceux qui appellent aujourd’hui à exclure Israël de tout événement international ne défendent pas la paix, ils pratiquent un boycott sélectif, nourri d’une hostilité qui ne dit plus son nom.

Depuis le 7 octobre 2023, le masque est tombé. L’antisémitisme, ce vieux démon européen, s’est réveillé avec une fureur inédite. Dans les rues, sur les réseaux, jusque dans certaines instances politiques, la haine des Juifs s’exprime désormais sans honte. Les agressions, les insultes, les manifestations pro-Hamas, même au cœur du Marché de Noël de Bruxelles, le prouvent. Et à chaque fois, les mêmes silences, les mêmes indignations « sélectives ».

Ce retour du deux poids deux mesures moral est indigne de nos démocraties. Quand on condamne, cela doit s’appliquer à tous. Quand on sépare le sport de la politique, qu’on le fasse sans exception.

Et surtout, quand on prétend défendre les droits de l’homme, qu’on cesse de trier bons et mauvais coupables. L’honnêteté n’est pas une posture morale, c’est la condition première de toute justice. Boycotter, exclure ou censurer au nom de la morale revient précisément à nier cet idéal. La culture, le sport et la musique doivent rassembler les peuples, non les punir ; refuser le boycott, c’est encore croire en ce lien qui unit les hommes au-delà de leurs désaccords, car dès qu’on transforme la scène ou le stade en tribunal, ce n’est plus la justice qu’on défend, mais une idéologie qui choisit ses ennemis.

Alain Schenkels, chef d’entreprises

(Photo by Alessandro Bremec / ipa-agency.net/IPA/Sipa USA)

You may also like

Êtes-vous sûr de vouloir débloquer cet article ?
Déblocages restants : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?