L’enquête Qatargate, présentée comme un tournant historique pour la lutte contre la corruption au Parlement européen, menace aujourd’hui de s’effondrer sous le poids de ses propres dérives. Trois ans après les premières arrestations spectaculaires, le récit du « dossier du siècle » laisse place au spectre d’un fiasco judiciaire aux conséquences politiques incertaines.
- Un scandale aux fondations fragiles
Au départ, le Qatargate devait mettre au jour un vaste système d’ingérence et de corruption impliquant le Qatar, le Maroc et la Mauritanie, avec des valises de billets saisis chez plusieurs élus et ex-élus européens. Mais malgré l’ampleur des moyens déployés, les liens entre les sommes découvertes et des États étrangers restent juridiquement difficiles à établir, ce qui fragilise le cœur même de l’accusation.
Pour une partie des observateurs, le dossier ressemble de plus en plus à une affaire mal instruite, où l’effet d’annonce a précédé la solidité des preuves. La perspective qu’un scandale présenté comme emblématique de la lutte anticorruption se termine par une annulation de la procédure alimente le sentiment d’un « soufflé » politico-judiciaire.
- La dérive de la “cellule Medusa”
Au centre des critiques figure l’existence d’une structure officieuse, baptisée « Medusa », réunissant enquêteurs, magistrats, services de renseignement et plusieurs journalistes autour d’un canal de communication parallèle. Cette « cellule fantôme » aurait coordonné des échanges d’informations et de messages cryptés, bien au-delà des fuites ponctuelles habituelles dans les affaires sensibles.
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