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Migration : comment les Balkans, le Maghreb ou la Colombie pourraient entrer dans la stratégie européenne de renvoi des migrants

par Rédaction
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Les ministres de l’Intérieur des Vingt-Sept se prononcent ce lundi sur trois propositions sensibles de la Commission visant à durcir la politique migratoire de l’Union. Au cœur du dispositif : la possibilité de délocaliser hors UE les migrants déboutés de l’asile. Un projet qui divise profondément les États membres et suscite de vives critiques parmi les ONG.

L’initiative reçoit le soutien appuyé du Danemark, qui assure la présidence tournante de l’Union et s’inspire ici de sa propre doctrine migratoire. L’objectif est de soulager les pays situés en première ligne, principalement la Grèce et l’Italie, tout en renforçant la solidarité interne entre États membres. Deux axes dominent : durcir les conditions d’accueil et rééquilibrer la répartition des demandeurs d’asile à l’échelle européenne.

Des « hubs de retour » hors UE et des détentions plus longues

La première mesure soumise au vote prévoit l’ouverture de « hubs de retour » situés hors du territoire européen. Ces centres recevraient les migrants dont la demande d’asile a été rejetée, le temps d’organiser leur renvoi. L’Italie expérimente déjà un modèle similaire en Albanie. D’autres États des Balkans — Serbie, Bosnie — pourraient être sollicités, tout comme certains pays du Maghreb tels que le Maroc et la Tunisie.
La mise en œuvre nécessiterait toutefois des accords bilatéraux et d’importants financements européens.

Le deuxième volet porterait sur un durcissement des sanctions visant les migrants refusant de quitter l’Union après un rejet définitif. La mesure la plus contestée serait l’allongement de la durée maximale de détention administrative : de six mois aujourd’hui en Belgique à vingt-quatre mois. Une perspective vivement critiquée par les associations de défense des droits fondamentaux.

Un troisième projet consiste à autoriser le renvoi de migrants vers des pays tiers considérés comme « sûrs », même lorsqu’ils n’en sont pas originaires. Parmi les États envisagés figurent le Rwanda, l’Ouganda, l’Égypte, le Bangladesh et même la Colombie. L’initiative rappelle le modèle britannique négocié avec Kigali, et suscite une certaine réserve au sein de plusieurs capitales européennes.

Relocalisations obligatoires et contribution financière

Le volet interne du plan européen prévoit une relocalisation obligatoire des demandeurs d’asile entre États membres. Chaque pays devrait accepter un quota déterminé ou, à défaut, verser une contribution financière de 20.000 euros par demandeur refusé. Plusieurs États — dont la Belgique, la Suède et l’Autriche — ont déjà exprimé leur opposition.

Les partisans du durcissement soulignent que les arrivées irrégulières ont reculé de 20 % au premier semestre 2025. Mais cette baisse ne résulte pas uniquement des politiques répressives : l’amélioration de la situation internationale, notamment le relatif retour au calme en Syrie, a influé sur les flux.

Le succès des politiques de rapatriement reste cependant conditionné à la coopération des pays d’origine, souvent réticents à reprendre leurs ressortissants. Quant aux transferts vers des États tiers “sûrs”, beaucoup y voient une solution largement théorique : difficile d’imaginer des migrants ayant traversé l’Éthiopie, le Soudan ou la Méditerranée accepter d’être relocalisés, par exemple, en Ouganda, sans perspective d’accès futur à l’Europe.

Le vote de ce lundi à Bruxelles s’annonce avant tout comme un test politique majeur, révélant une fois de plus les lignes de fracture entre les familles politiques européennes sur l’avenir du droit d’asile.

La Rédaction

(Photo Belgaimage)

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