C’est un succès inédit à l’échelle européenne. Le Shift Project, think tank français dédié à la transition énergétique, a récolté plus de 3,3 millions d’euros lors d’une campagne participative lancée le 13 mai dernier pour « imaginer un futur durable sans pétrole, ni gaz, ni charbon ». Porté par Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialiste du climat, l’appel aux dons visait initialement un objectif d’un million d’euros. Il l’a largement dépassé, selon France Inter.
Avec plus de 26 000 contributeurs, la campagne, baptisée Décarbonons la France ! Le programme du Shift pour 2027, est aujourd’hui considérée comme un record européen pour ce type de financement. Les dons viennent majoritairement de particuliers, certains ayant versé jusqu’à 5.000 euros. Plusieurs entreprises se sont également engagées, notamment un cimentier, pourtant issu d’un secteur très émetteur. Ce soutien large illustre, selon les organisateurs, une véritable volonté citoyenne de participer à l’élaboration d’un modèle économique et social affranchi des énergies fossiles.
Le programme vise à financer des études, produire des scénarios crédibles et formuler des propositions concrètes pour accompagner la France vers une société résiliente et bas carbone à l’horizon 2027, soit après la prochaine élection présidentielle. « Une bonne partie de l’opinion ne veut pas laisser un monde en ruine à ses enfants », souligne Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project. Certains donateurs estiment qu’ils peuvent « marquer l’histoire » en soutenant des solutions concrètes au dérèglement climatique.
Pour Auzanneau, cette mobilisation s’inscrit aussi dans un « esprit de résistance face au backlash écologique », cette contestation croissante que suscite la transition environnementale dans certains milieux économiques ou politiques. Dans un contexte où les oppositions au climat gagnent en visibilité, le succès de la campagne est perçu comme un signal fort : « une partie croissante de la société veut agir ».
Le Shift Project, fondé en 2010, s’est imposé comme un acteur influent du débat public sur l’énergie, proposant des feuilles de route pour la sobriété, la ré-industrialisation décarbonée ou encore la résilience des infrastructures. Le groupe de réflexion promet de publier les résultats de cette nouvelle initiative en toute transparence.
La rédaction
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