Emmanuel Macron s’est rendu en Chine avec l’espoir discret d’influer, ne serait-ce qu’à la marge, sur les choix économiques et géopolitiques de Pékin. Mais derrière la mise en scène protocolaire et les formules de courtoisie échangées avec Xi Jinping, ce déplacement révèle surtout une réalité que le pouvoir français peine à regarder en face : la France, et plus largement l’Europe, pèse de moins en moins dans le monde. Aux yeux de Pékin, notre continent n’est plus un pôle d’influence structurant, mais un marché captif, fragilisé, divisé et désormais incapable d’imposer un rapport de force sérieux.
Le chef de l’État partait déjà sans illusions. Depuis plusieurs années, l’Europe subit l’offensive chinoise sur les technologies stratégiques, du véhicule électrique à l’intelligence artificielle, sans parvenir à adopter une ligne commune. Tandis que Berlin défend coûte que coûte son industrie automobile et que Paris tente d’arracher quelques protections ciblées, Pékin avance méthodiquement, sûre de sa puissance et de notre dépendance. Dans ces conditions, imaginer obtenir des concessions chinoises relevait plus de la communication que de la diplomatie.
La scène elle-même est éloquente. L’an dernier, Xi Jinping n’avait consacré que deux jours à Paris, quand il en accordait trois à Belgrade et Budapest. Ce simple détail protocolaire illustre la hiérarchie réelle des priorités chinoises : la France n’est plus un acteur incontournable, seulement un pays auquel on rend, par politesse, les hommages dus à son histoire mais plus à son influence. Le siège au Conseil de sécurité, l’arme nucléaire, l’héritage gaullien, tout cela pèse bien peu face à une Chine qui impose désormais ses standards au reste du monde.
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