Les combats qui ont repris cette semaine le long de la frontière thaïlando-cambodgienne ont balayé en quelques heures le cessez-le-feu signé fin octobre sous l’égide de Donald Trump. Plus de 500.000 personnes ont fui, des villages ont été bombardés, et les deux gouvernements s’accusent de violer la trêve. Le conflit, enraciné dans une querelle de souveraineté vieille d’un siècle, éclaire une région où les fragilités internes, les ambitions nationales et la compétition d’influence géopolitique se superposent désormais sans filtre.
La frontière entre la Thaïlande et le Cambodge demeure l’une des plus imprécises d’Asie. Une carte française de 1907, qui attribuait au Cambodge plusieurs temples khmers situés sur les crêtes, est au cœur du contentieux. La Cour internationale de justice a confirmé en 1962 puis en 2011 la souveraineté cambodgienne sur le temple de Preah Vihear, mais elle n’a jamais dissipé les zones litigieuses autour de Ta Muen Thom, Ta Krabey et d’autres sanctuaires dispersés sur près de 800 kilomètres de frontière.
L’année 2024 a ravivé ces tensions. Un soldat cambodgien tué en mai, deux Thaïlandais grièvement blessés par des mines en juillet, puis cinq jours de combats intenses ont fait resurgir une guerre que l’on croyait contenue. Quarante-huit morts, 300.000 déplacés, et des villages réduits au silence avant une trêve imposée par la pression combinée des États-Unis, de la Chine et de la Malaisie. À Kuala Lumpur, Donald Trump avait présenté l’accord comme un succès personnel, obtenu après avoir menacé d’imposer des tarifs douaniers aux deux capitales.
Mais ce cessez-le-feu reposait sur un malentendu : il supposait que l’on pouvait éteindre le feu sans toucher aux braises. Aucune avancée n’avait été faite sur la question centrale du tracé de la frontière. La moindre escarmouche pouvait donc servir de catalyseur.
La rupture de novembre : mines, représailles et frappes ciblées
Début novembre, un soldat thaïlandais blessé par une mine a fourni à Bangkok l’argument d’un durcissement immédiat. Les autorités thaïlandaises ont accusé le Cambodge d’en avoir posé de nouvelles ; Phnom Penh a répondu qu’il s’agissait de vestiges de la guerre civile. Ce débat, insoluble faute d’expertise indépendante, a suffi à suspendre la mise en œuvre du cessez-le-feu.
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