Accueil » Deborsu réagit à la polémique : “Ces personnes ne fraudent pas, elles sont piégées par un système”

Deborsu réagit à la polémique : “Ces personnes ne fraudent pas, elles sont piégées par un système”

par Rédaction
BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR

Le reportage de RTL “Sans boulot : tous fraudeurs ?”, signé Christophe Deborsu, continue d’alimenter les critiques. Mardi soir, le journaliste était invité sur le plateau de De Afspraak (VRT) pour répondre à la controverse. La ministre flamande de l’Emploi, Zuhal Demir (N-VA), participait également au débat.

Diffusé le 7 novembre, le documentaire plongeait dans la réalité de Verviers, notamment dans la rue de Dison, souvent décrite comme la plus pauvre de Belgique. Deborsu y rencontrait des habitants vivant depuis longtemps d’allocations, comme Laetitia, 36 ans, qui déclarait “n’avoir jamais travaillé”. Une narration qui a suscité de nombreux reproches, certains experts affirmant que leurs propos avaient été simplifiés, dont Martin Wagener, vice-président du Cirtes (UCLouvain).

Sur la VRT, Deborsu s’est dit “surpris” par l’ampleur de la polémique. “Apparemment, le sujet est extrêmement sensible”, a-t-il admis, estimant que la diffusion juste avant un long week-end avait amplifié les réactions. Dans Het Belang van Limburg, mi-novembre, il confiait déjà avoir “compris ce que ressent un politicien en pleine tempête médiatique”.

Le journaliste assure n’avoir jamais voulu présenter les personnes rencontrées comme des fraudeurs : “Elles ne font rien d’illégal. Elles vivent d’un système qui les maintient dans cette situation.” Il affirme avoir flouté certains visages “pour protéger” des témoins qui, selon lui, “ne se rendent même plus compte qu’elles agissent mal”. Deborsu estime par ailleurs que nombre d’entre elles aimeraient travailler, mais qu’elles en sont découragées : “Elles vivent dans des quartiers où presque tout le monde est dans la même situation. Elles n’ont plus d’exemples différents autour d’elles.”

Interrogé en Flandre sur l’image donnée de la Wallonie, il rappelle que le reportage s’adressait d’abord au public francophone : “Ce n’était pas un sujet pour la Flandre. Mais la Belgique est un pays où ce qui se passe au sud peut avoir un grand écho au nord.” Selon lui, les situations observées existent aussi en Flandre, “où le système est exactement le même”.

Le débat s’est ensuite déplacé vers les écarts statistiques entre les deux régions. En Wallonie, environ 14% des personnes en âge de travailler seraient au chômage de longue durée, contre quelque 10% en Flandre – des chiffres difficiles à comparer, chaque pays européen mesurant différemment l’absentéisme de longue durée. Le taux d’emploi atteint environ 78% en Flandre, contre 67% en Wallonie. Les postes vacants illustrent également ce fossé : autour de 36 000 en Wallonie, plus de 100 000 en Flandre. Une différence liée en partie à leur histoire : la Wallonie peine encore à se relever de la désindustrialisation, tandis que la Flandre a capitalisé sur l’attractivité de ses ports, notamment Anvers-Bruges.

Pour Zuhal Demir, le reportage met en lumière la nécessité d’agir : “Toute personne en bonne santé doit travailler. C’est le fondement de notre Sécurité sociale : chacun cotise pour ceux qui sont réellement malades.” Elle annonce un accompagnement renforcé pour les demandeurs d’emploi et des contrôles plus stricts dès janvier en Flandre. Elle souhaite aussi intensifier la collaboration entre le Forem et le VDAB afin de faciliter l’accès des travailleurs wallons aux emplois flamands.

La rédaction

(BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR)

You may also like

Êtes-vous sûr de vouloir débloquer cet article ?
Déblocages restants : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?