Le conseil d’administration de la SNCB a attribué une première commande de 180 automotrices au constructeur ferroviaire espagnol CAF (Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles). Ce marché, d’un montant de 1,7 milliard d’euros, marque un choix industriel majeur qui se fait au détriment du groupe Alstom, pourtant solidement implanté en Belgique, notamment à Bruges.
Selon la SNCB, les premières rames entreront en service à partir de 2030. Cette commande représente quelque 54.000 places assises. Elle s’inscrit dans une convention-cadre portant sur un maximum de 170.000 places, dont CAF est désormais le bénéficiaire exclusif.
Procédure juridiquement contestée
La désignation du constructeur espagnol met un terme à une procédure longue et juridiquement contestée. Les concurrents Siemens et Alstom avaient saisi le Conseil d’État pour contester l’attribution du marché, sans succès. En septembre, la haute juridiction a définitivement rejeté leurs recours. Dès juillet, la SNCB avait d’ailleurs confirmé son choix en faveur de CAF, déjà désigné comme soumissionnaire privilégié.
En avril, le Conseil d’État avait toutefois suspendu temporairement la procédure, pointant un manque de transparence. Le marché public avait été lancé dès 2022.
Les nouvelles automotrices, baptisées MR30, sont destinées à remplacer progressivement le matériel roulant le plus ancien, jugé plus vulnérable aux pannes.
La SNCB met en avant un niveau de confort accru pour les voyageurs: accessibilité autonome pour les personnes à mobilité réduite, zones de silence, écrans d’information, connectivité et espaces pour vélos. Le contrat inclut également une version à batteries, appelée à remplacer à terme les actuelles rames diesel.
Suppression de 150 emplois à Bruges
Mais derrière ce choix stratégique, l’impact industriel est bien réel en Belgique. La décision de la SNCB a suscité une vive déception du côté d’Alstom, ex-Bombardier, à Bruges.
La semaine dernière encore, la direction du site a annoncé son intention de supprimer 150 emplois, invoquant la nécessité de s’adapter à la réalité du marché. Pour les syndicats, la perte de ce contrat emblématique accentue un peu plus la fragilisation du tissu industriel ferroviaire belge.
La rédaction
(Photo Belgaimage)