La Lituanie a décrété un état d’urgence après la multiplication de « ballons-passeurs » envoyés depuis le Bélarus, provoquant des fermetures répétées d’aéroports et ce que Vilnius qualifie de nouvelle phase de la guerre hybride menée par son voisin aligné sur Moscou. Selon le Financial Times, des centaines de ces ballons géants — utilisés pour acheminer clandestinement des cigarettes — ont forcé la fermeture de l’aéroport de Vilnius pendant près de 60 heures en quelques semaines, perturbant plus de 350 vols et 50 000 passagers. L’aéroport de Kaunas a également été à plusieurs reprises paralysé.
Pour le gouvernement lituanien, l’enjeu dépasse la seule contrebande. « Nous devons prendre les mesures les plus strictes et défendre les zones les plus touchées », a déclaré la Première ministre Inga Ruginienė, en assurant que la population ne subirait pas d’inconvénients majeurs. Minsk nie toute responsabilité, mais Vilnius considère ces incursions comme un nouvel outil de déstabilisation, après les vagues de migrants poussés vers les frontières baltes depuis 2021.
Le gouvernement a demandé au Parlement d’autoriser l’armée à opérer pleinement aux côtés de la police, des gardes-frontières et des services de sécurité. Le ministre de l’Intérieur Vladislav Kondratovic a expliqué que ces prérogatives permettraient de restreindre l’accès à des zones sensibles, d’effectuer des contrôles de véhicules et de personnes, et de détenir les individus soupçonnés d’infractions. Le ministre de la Défense Robertas Kaunas précise que la force pourra être utilisée « pour exécuter ces fonctions ».
La Commission européenne, par la voix d’Ursula von der Leyen, a dénoncé une « attaque hybride totalement inacceptable ». En raison des vents changeants, l’état d’urgence s’applique désormais à l’ensemble du territoire lituanien, où forces de l’ordre et militaires mènent des opérations nocturnes pour intercepter ces ballons et contrôler les zones à risque.
La Rédaction
(©PHOTOPQR/LE PARISIEN/ARNAUD DUMONTIER)