Dans un entretien accordé au Soir, le président du Parti socialiste Paul Magnette (photo) défend la tentative de majorité bruxelloise de centre-gauche et justifie le refus persistant de son parti de gouverner avec la N-VA, qu’il juge marginale et idéologiquement incompatible avec la Région.
Pour Paul Magnette, la priorité à Bruxelles est claire : il faut un gouvernement, et l’initiative portée par Yvan Verougstraete « doit aboutir ». Le président du Parti socialiste estime que, face à des mois d’impasse, presque toute formule susceptible de débloquer la situation mérite d’être soutenue. Il souligne le caractère « courageux » de la démarche du formateur, menée malgré les attaques de son partenaire libéral.
Sans détour, Magnette met en cause le rôle de Georges-Louis Bouchez, dont l’attitude aurait, selon lui, rendu les négociations impossibles pendant de longs mois. Ce constat alimente l’idée qu’une majorité alternative se construit autant par nécessité arithmétique que par rejet d’un style jugé bloquant.
La ligne de fracture la plus sensible reste toutefois le refus du PS de gouverner avec la N-VA à Bruxelles. Magnette assume pleinement ce veto. Il rappelle que la N-VA bruxelloise ne représente qu’environ 2 % de l’électorat régional et défend un projet « antinomique » avec l’existence même de la Région bruxelloise. « Si elle avait pesé 2 % au niveau national, je n’aurais pas négocié avec elle », tranche-t-il.
L’argument central du président socialiste repose sur une comparaison qu’il juge rarement interrogée : le veto quasi général opposé au PTB, pourtant électoralement bien plus important à Bruxelles. Selon lui, il existe une forme de deux poids, deux mesures dans le débat public : refuser le PTB serait considéré comme normal, refuser la N-VA deviendrait problématique. « Chacun a ses limites », résume-t-il.
Enfin, Magnette replace le débat dans une perspective institutionnelle plus large. Il voit dans certaines réactions flamandes la persistance d’une vision communautaire où Bruxelles n’existerait pas comme Région à part entière. Une logique à laquelle le PS s’oppose frontalement depuis la création de la Région bruxelloise, conçue précisément pour permettre aux Bruxellois de décider eux-mêmes de leur avenir.
La Rédaction
(PHOTO Alexandre MARCHI)