Analyse – La tension couvait depuis des mois. Elle a désormais éclaté au grand jour. Le duel à peine voilé entre Marine Le Pen et Jordan Bardella n’est plus une spéculation : il s’impose désormais comme un fait politique majeur à droite. L’objectif de l’Élysée 2027 commence à diviser le Rassemblement national.
Il y a un mois, 21news publiait un long entretien avec Alain Minc, au cours duquel le conseiller influent livrait une analyse acérée de la situation politique française. À propos de Marine Le Pen, il déclarait dans un podcast avec Louis Sarkozy : « Ce qui me frappe, depuis le jugement concernant Marine Le Pen, c’est à quel point le pays a zappé. […] C’est quelqu’un que tout le monde voyait à l’Élysée, c’était Catherine II de Russie ! Aujourd’hui, on a l’impression que même les gens de son camp ont déjà fait une croix sur elle ».
Une prophétie qui semble se réaliser plus vite que prévu. Car depuis quelques jours, les signaux d’une fracture interne au sommet du RN se multiplient. Et Marine Le Pen, jusqu’alors dans un silence stratégique, a choisi de frapper fort.
Une phrase, un message
Lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie, la députée du Pas-de-Calais a lancé un tacle aussi sec qu’inattendu : « Je ne suis pas sûre que Jordan connaisse très bien les problèmes de la Nouvelle-Calédonie ». Une phrase cinglante, lâchée sans trembler devant les caméras. Un signal fort envoyé à la fois aux militants, aux médias… et à Jordan Bardella. Car Marine Le Pen est une oratrice aguerrie, rompue à l’exercice médiatique. Rien, chez elle, n’est jamais anodin. Cette pique ciblée trahit une exaspération grandissante face à la montée en puissance médiatique de son dauphin. Certains cadres du RN confient en privé qu’elle lui reprocherait de se mettre trop en avant, de s’émanciper trop vite — voire de précipiter sa propre retraite politique.
Bardella contre-attaque, mais avec mesure
En déplacement à Beaucaire, Jordan Bardella a rapidement réagi, tentant d’éteindre l’incendie tout en maintenant son autorité : « Je ne rentrerai pas dans le concours de la petite phrase, qui consiste à surcommenter, surinterpréter ce qui est dit de part et d’autre », a-t-il déclaré, visiblement agacé.
« Elle ne dit pas que je ne connais pas le dossier. Et je ne m’amuserais pas à répondre à ce genre (d’affirmations) ».
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