Donald Trump s’est entretenu dimanche au téléphone avec Vladimir Poutine à quelques heures d’un tête-à-tête ce dimanche en Floride avec Volodymyr Zelensky. Le plan en 20 points de Zelensky négocié avec Washington vise à poser les bases d’un cessez-le-feu durable avec la Russie. Il ne s’agit pas d’un simple arrêt des combats, mais d’un dispositif global mêlant sécurité, reconstruction, intégration européenne et encadrement international du conflit. Un plan ambitieux, politiquement explosif, et loin de faire consensus.
Le premier pilier est politique : la souveraineté de l’Ukraine est réaffirmée noir sur blanc, tout comme son statut d’État non nucléaire. Le texte prévoit un accord de non-agression total entre Kiev et Moscou, assorti d’un mécanisme de surveillance de la ligne de contact par drones et équipes techniques. Le front serait gelé sur les positions actuelles, ce qui entérine de facto une situation militaire sans la reconnaître juridiquement.
Une armée de 800.000 hommes pour l’Ukraine
Sur le plan sécuritaire, le document est sans ambiguïté. L’Ukraine conserverait une armée de 800.000 hommes en temps de paix et bénéficierait de garanties de sécurité occidentales « calquées sur l’article 5 ». En clair : une agression russe déclencherait une réponse coordonnée et le rétablissement automatique des sanctions. À l’inverse, toute initiative militaire ukrainienne non provoquée annulerait ces garanties. L’OTAN n’est pas formellement mentionnée comme cadre d’adhésion immédiate, mais l’Ukraine ne renonce pas à son choix stratégique, laissant la décision à OTAN.
Le plan va plus loin en intégrant la Russie dans un engagement juridique de non-agression envers l’Europe et l’Ukraine, inscrit dans ses lois internes. Une clause qui, sur le papier, vise à transformer un cessez-le-feu en architecture de sécurité continentale.
Accès garanti au marché européen
Le deuxième pilier est économique. Kiev obtiendrait un accès accéléré et garanti au marché de Union européenne, avec une adhésion programmée dans un calendrier précis. Un vaste programme mondial de reconstruction est prévu : fonds d’investissement de 200 milliards de dollars, participation active des États-Unis, rôle central de la Banque mondiale, modernisation des infrastructures, exploitation des ressources naturelles, développement technologique et énergétique. L’Ukraine se réserve en outre un droit explicite à réparation pour les dommages subis.
Le troisième pilier touche aux sujets les plus sensibles. La centrale nucléaire de Zaporijjia serait administrée conjointement par l’Ukraine, la Russie et les États-Unis. Les régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson resteraient sous contrôle militaire tel qu’il existe au moment de l’accord, avec un retrait russe préalable de plusieurs oblasts encore contestés. Des forces internationales pourraient être déployées, sous conditions strictes et validation démocratique ukrainienne.
Echange de tous les prisonniers de guerre et des enfants détenus
Le plan inclut enfin un volet humanitaire majeur : échange de tous les prisonniers, libération des civils et des enfants détenus, mécanismes de réparation pour les victimes. Des élections seraient organisées en Ukraine après la signature de l’accord, sous supervision internationale.
La mise en œuvre serait placée sous l’autorité d’un Conseil de paix présidé par Donald Trump, réunissant Ukraine, Russie, États-Unis, Europe et OTAN, avec un régime de sanctions en cas de violation.
Reste l’essentiel : Moscou n’a toujours pas donné son feu vert. Les désaccords sur les territoires et sur Zaporijjia demeurent profonds. Ce plan dessine une paix possible, mais impose à la Russie un encadrement stratégique inédit et à l’Occident un engagement de long terme. Autrement dit, il ne mettrait pas fin à la guerre sans en redéfinir radicalement les règles.
Encadré – Les 20 points du plan Zelensky
- Réaffirmation de la souveraineté de l’Ukraine comme État indépendant et reconnu par tous les signataires.
- Accord de non-agression total et inconditionnel entre l’Ukraine et la Russie, avec mécanisme de surveillance de la ligne de contact.
- Garanties de sécurité solides accordées à l’Ukraine.
- Maintien d’une armée ukrainienne de 800.000 soldats en temps de paix.
- Garanties de sécurité occidentales de type article 5 :
- Engagement juridique russe de non-agression envers l’Ukraine et l’Europe.
- Adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne dans un calendrier précis et accès rapide au marché européen.
- Programme mondial de reconstruction et de développement, incluant fonds de développement, infrastructures, énergie, technologies, minerais et rôle central de la Banque mondiale.
- Création de plusieurs fonds de reconstruction, dont un fonds de 200 milliards de dollars pour la relance économique et humanitaire.
- Accélération d’un accord de libre-échange entre l’Ukraine et les États-Unis après la paix.
- Confirmation du statut non nucléaire de l’Ukraine, conformément au Traité de non-prolifération.
- Gestion conjointe de la centrale nucléaire de Zaporijjia par l’Ukraine, la Russie et les États-Unis.
- Programmes éducatifs de tolérance et de protection des minorités, alignés sur les normes européennes.
- Gel de la ligne de front actuelle dans les régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson, avec mécanisme de redéploiement et possible présence internationale.
- Engagement mutuel à ne pas modifier par la force les futurs arrangements territoriaux.
- Garantie de l’accès ukrainien au Dniepr et à la mer Noire à des fins commerciales.
- Création d’un comité humanitaire, incluant :
- échange de tous les prisonniers de guerre,
- libération des civils et des enfants détenus,
- mesures de réparation pour les victimes.
18.Organisation d’élections en Ukraine dès que possible après la signature de l’accord.
19.Mécanisme de suivi et de sanctions, via un Conseil de paix international présidé par Donald Trump.
20.Entrée en vigueur immédiate d’un cessez-le-feu total après acceptation de l’accord par toutes les parties.
La rédaction