Le président des Engagés Yvan Verougstraete (photo) lance un appel aux partis démocratiques pour former une coalition « réaliste » face au blocage institutionnel qui paralyse la Région bruxelloise depuis des semaines. Il propose d’ouvrir des négociations avec Groen, Vooruit, CD&V, PS, Ecolo, DéFI et Les Engagés, tout en espérant rallier ensuite l’Open VLD, et assure que son parti ne participera à aucun gouvernement dépourvu d’ambition budgétaire et de réformes structurelles.
Voici son texte publié sur le site des Engagés :
Je ne suis pas né politique mais Bruxellois et, comme vous, « j’ai mal à ma Région ».
Ce n’est donc pas comme Président des Engagés mais avant tout comme Bruxellois que je vous écris aujourd’hui. Il y a dix jours, la Région Bruxelles-Capitale battait le record mondial sans gouvernement et face au risque vital pour notre Région, pour nos associations, pour nos entreprises, pour l’image de notre capitale, je tirais la sonnette d’alarme, craignant que la dynamique dans laquelle nous étions ne nous mène à une impasse. Dix jours plus tard, je suis forcé de constater que la situation est toujours bloquée.
Nous pourrions évidemment chercher à désigner un ou des coupable(s). Certains ne manqueront probablement pas de le faire mais je ne pense pas que ce soit la priorité des Bruxellois. L’heure n’est plus aux jeux politiques mais à l’urgence de trouver une solution, pour la population.
C’est dans cet esprit que je prends le risque d’acter le constat suivant : si nous ne changeons pas de dynamique, nous n’obtiendrons pas de résultat et nous risquons de mettre définitivement l’avenir de notre Région en danger. Malgré les efforts réalisés, il faut acter que tenter mille fois la même expérience en espérant un résultat différent, c’est de la pure folie. Une folie que Bruxelles ne peut plus se permettre. Ce constat étant fait, la situation n’en devient pas pour autant simple. Il est clair qu’il n’y a pas de solution « idéale ». Sinon, elle aurait été rencontrée depuis longtemps. Plus que de choisir la solution idéale, il faut donc accepter d’opter pour la solution la plus « réaliste » et mettre toute notre énergie pour en faire un succès.
Concrètement, si l’on reconnaît qu’en l’état il n’est pas possible de trouver une majorité regroupant le MR et le PS ou le MR et Ecolo et que l’on ne peut pas faire reposer l’avenir de la Région sur un gouvernement en affaires courantes, il me semble que la solution la plus réaliste actuellement est de réunir les partis suivants pour démarrer des négociations : Groen, Vooruit, CD&V, PS, Ecolo, DéFI et Les Engagés.
Vous ne manquerez pas de me dire que cet attelage ne réunit pas la majorité nécessaire (et vous avez raison). Cependant, non seulement c’est la coalition qui s’en rapproche le plus mais nous espérons par ailleurs que sur base d’une trajectoire budgétaire sérieuse et d’un projet courageux, nous pourrons ensuite compléter la majorité néerlandophone en convaincant l’Open VLD de nous rejoindre. Je comprends en effet qu’il n’est pas possible pour les libéraux flamands de monter dans cet attelage à ce stade, vu les conditions qu’ils ont posées et que je respecte pleinement. Nous avons d’ailleurs, nous aussi, des conditions.
Non seulement, je n’ai aucune garantie de réussir mais, en plus, et je veux être très clair à ce sujet, nous ne participerons pas un gouvernement qui n’a pas l’ambition (1) de prendre les réformes nécessaires pour redresser structurellement la Région, (2) d’améliorer sa trajectoire budgétaire de minimum 1 milliard d’euro, (3) qui aurait pour ambition de faire, avant tout de l’obstruction au gouvernement Arizona ou (4) qui n’a pas une vraie ambition pour notre Région. Nous ne sommes pas à la recherche de postes et préférons largement être dans l’opposition que complices d’un échec assuré.
De la même manière, contrairement à ce que certains ne manqueront pas d’insinuer (je n’ai pas de doutes sur l’amabilité en politique), je n’aspire aucunement à jouer les premiers rôles dans cette situation. Si quelqu’un d’autre veut prendre le lead ou a une meilleure proposition à faire, surtout qu’il n’hésite pas. Nous nous engageons, comme nous le faisons depuis 18 mois, à soutenir toutes les propositions crédibles. Nous avons, avant toute chose, besoin d’un gouvernement solidaire, capable de prendre des décisions difficiles mais nécessaires.
Je lance donc un appel sincère à toutes les formations démocratiques et à la société civile qui croit encore que Bruxelles mérite mieux. Vu l’importance des enjeux, on a besoin de tout le monde et on ne peut plus perdre de temps. C’est avec l’envie de rendre à la Région son éclat que je lancerai, dès demain et pendant tout le week-end des réunions bilatérales avec les partis mentionnés ci-dessus ainsi qu’avec les partenaires sociaux, les responsables d’administration et les représentants de la société civile. Dès la semaine prochaine, nous organiserons des réunions thématiques avec les différents partis concernés pour co-construire un projet ambitieux pour Bruxelles.
Nous voulons faire un travail sérieux, sans perdre de temps, sachant que chaque mois qui passe, la dette de la Région augmente de plus de 100 millions d’euros, 100 millions d’euros que nous aurons de plus en plus de mal à financer si nous n’apportons pas rapidement un projet crédible, porté par une équipe unie.
Bruxellement vôtre,
Yvan Verougstraete
Retransmis par la Rédaction
(BELGA PHOTO JOHN THYS)