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Après la prison, Sarkozy pressent une France au bord de l’explosion

par Harrison du Bus
Lilian Auffret / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

À peine sorti de vingt jours de détention à la prison de la Santé, Nicolas Sarkozy ne revient pas dans l’arène par petites touches. Dans un long entretien au Point, il s’empare d’emblée des thèmes les plus inflammables : atmosphère « prérévolutionnaire », « changement de régime » possible, offensive contre le « pouvoir judiciaire », défense des racines judéo-chrétiennes, relecture du RN comme parti pleinement républicain et méditation sur le déclassement de l’Occident. L’ancien président ne se pose plus en candidat potentiel mais en analyste engagé, décidé à « inventer un rôle » nouveau dans une France qu’il juge à la fois fatiguée et au bord de la rupture.

Il récuse d’abord l’idée d’un retour par l’élection présidentielle : « Techniquement, vous le savez bien, la réponse est non », rappelle-t-il en évoquant son inéligibilité, qu’il dit respecter au nom des lois de la République. Surtout, il considère « qu’il n’aurait aucun sens » de vouloir refaire ce qui a déjà été fait. La métaphore des saumons, qui remontent le courant pour mourir, lui sert de contrepoint biographique : son « rêve d’aller haut » a été exaucé, il entend désormais « inventer une nouvelle vie ».

Cette nouvelle vie ne ressemble ni à une retraite ni à un retrait. « Arrêter de faire, c’est arrêter de vivre », résume-t-il. La séquence carcérale ne le conduit pas à la plainte mais à une forme de suractivité intellectuelle : un livre, Le Journal d’un prisonnier, et une grille de lecture très sombre de la situation française.

Une France « à la veille d’un changement de régime »

Le cœur de son diagnostic est sans ambiguïté : « La situation est grave, car, depuis près de soixante-dix ans, les conditions d’une explosion ont rarement été à ce point réunies dans notre pays. » Sarkozy estime que la France se trouve à la veille d’un changement de régime, événement qui, selon lui, ne s’est presque jamais produit sans violence dans l’histoire nationale.

Il relit le retour du général de Gaulle en 1958 à travers ce prisme : la guerre d’Algérie, ses violences « et, disons les choses, leur instrumentalisation » auraient rendu possible cette bascule. De là, une conclusion : la France est un pays où la transformation politique majeure passe par des chocs violents. Ce qu’il discerne aujourd’hui, c’est une combinaison de colère sociale, de défiance envers les élites et de sentiment de dépossession qui pourrait, de nouveau, ouvrir la voie à une rupture brutale.

Il décrit une société où le ricanement est devenu l’arme du faible, où l’on abat toutes les têtes qui dépassent, dans un climat qu’il rattache à une forme de robespierrisme prolongé. La France serait restée ce pays à la fois monarchiste et régicide qu’il décrivait déjà lorsqu’il était au pouvoir. La figure du leader du moment, explique-t-il en convoquant Robespierre, reste toujours l’homme à abattre.

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