La tension budgétaire atteint un niveau critique à Bruxelles. Ce vendredi, en séance plénière du Parlement bruxellois, le Mouvement Réformateur (MR) a voté contre le projet de budget de crédits provisoires présenté par le gouvernement en affaires courantes pour les trois premiers mois de 2026. Les libéraux dénoncent un affaiblissement du contrôle parlementaire dans un contexte qu’ils qualifient de « plus grave crise financière de l’histoire de la Région ».
Selon le MR, Bruxelles se trouve « au bord de la cessation de paiement ». Si le ministre des Finances a tenté de respecter strictement la règle des trois douzièmes pour le premier trimestre 2026, le parti estime que le dispositif proposé ouvre la voie à une gestion trop souple des crédits publics. En cause notamment : l’assouplissement du contrôle sur l’octroi de subsides, la possibilité d’accorder des garanties régionales jusqu’à 150 millions d’euros — notamment pour des emprunts liés au logement — ainsi qu’une large marge de manœuvre laissée au gouvernement pour procéder à des mouvements budgétaires internes.
Le MR pointe en particulier le risque d’une « reventilation quasi illimitée » des crédits entre missions et programmes, sans information préalable ni validation du Parlement. Une dérive déjà signalée par la Cour des comptes, qui évoque un tableau budgétaire devenu « indicatif » et mis à la disposition d’un exécutif pourtant en affaires courantes.
« Ce budget permet au gouvernement de redéployer les crédits quasi librement, sous couvert d’orthodoxie budgétaire », a dénoncé Clémentine Barzin, cheffe de groupe MR au Parlement bruxellois.
Afin de renforcer le contrôle démocratique, le MR a déposé un amendement à l’article 18 du texte budgétaire. Celui-ci prévoit un encadrement strict de toute reventilation de crédits, tant pour les services du gouvernement que pour les organismes administratifs, avec un avis préalable et conforme de l’Inspection des Finances, un rapport détaillé et motivé de l’exécutif, ainsi qu’une transmission obligatoire au Parlement avant toute mise en œuvre.
Ce débat intervient alors que, selon le MR, une alternative politique aurait été possible. Le parti rappelle avoir proposé la mise en place rapide d’un gouvernement resserré mais stable, chargé d’élaborer un budget d’urgence. Une option qui, selon les libéraux, aurait envoyé un signal fort aux marchés et aux partenaires financiers, alors que certaines banques historiques envisageraient de se replier.
À l’inverse, le MR critique la relance de négociations autour d’une alliance de gauche qu’il juge dépourvue de majorité, tant du côté francophone que néerlandophone, et incapable d’apporter une réponse politique à la hauteur de la crise.
Le parti souligne enfin avoir déjà déposé huit amendements en commission des finances, tous rejetés, afin de réaffirmer le rôle central du Parlement en période d’affaires courantes. « Si la Région est là où elle est aujourd’hui, c’est le résultat de choix irresponsables assumés et poursuivis », a conclu Clémentine Barzin, rejetant toute tentative de faire porter au MR la responsabilité de l’impasse budgétaire actuelle.
La rédaction
(BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK)