Le plus ambitieux chantier d’infrastructure de Belgique franchit une étape spectaculaire. Le premier des huit tronçons préfabriqués du futur tunnel de l’Escaut a quitté Zeebruges ce 30 mai 2025 pour rejoindre Anvers par voie maritime. Un transport exceptionnel au service d’un projet qui vise à désengorger le trafic autour d’Anvers et à transformer durablement la mobilité en Flandre.
C’est une image impressionnante : un bloc de béton de 160 mètres de long, pesant 60.000 tonnes, tiré par quatre remorqueurs et un pousseur sur 100 kilomètres d’eau. Ce tronçon, le premier des huit éléments immergés qui composeront le futur tunnel sous l’Escaut, est en route vers Anvers. Il a quitté la mer du Nord à Zeebruges pour remonter vers l’intérieur des terres, en direction du quai de Doel, sur la rive gauche du fleuve, où il attendra son immersion définitive dans une tranchée creusée au fond de l’Escaut.
Ce tunnel constitue la pièce maîtresse de la liaison Oosterweel, projet titanesque estimé à plus de 10 milliards d’euros, censé boucler le ring R1 d’Anvers sur sa partie nord. Long de 1,8 km, il devrait accueillir trois voies de circulation dans chaque sens et une piste cyclable séparée, large de six mètres, appelée à devenir l’un des plus longs tunnels cyclables d’Europe. Une prouesse technique, logistique et environnementale, rendue possible grâce à la méthode dite du “tunnel immergé” : les éléments sont fabriqués à l’avance, remorqués, puis descendus avec une extrême précision au fond du fleuve.
Ce transport ne laisse rien au hasard : simulations virtuelles, conditions météo idéales, marées, courants, vents… tout est calculé pour éviter la moindre avarie. Deux autres éléments devraient suivre en juin, et l’ensemble des tronçons devrait avoir quitté Zeebruges d’ici la fin du mois d’août.
Au-delà de l’exploit technique, la liaison Oosterweel vise un objectif stratégique : désengorger l’un des nœuds de circulation les plus saturés d’Europe. Une fois le tunnel opérationnel, le Kennedy, actuellement surchargé, sera interdit aux poids lourds. Le projet permettra également l’enterrement de certaines portions du ring, ouvrant la voie à des parcs, des espaces verts et une qualité de vie revalorisée pour les riverains.
Les autorités flamandes visent une ouverture du tunnel aux voitures dès janvier 2030, et aux cyclistes dès 2028.
Le départ du premier tronçon marque donc bien plus qu’un transport logistique. Il symbolise le début concret d’un projet appelé à refaçonner durablement l’image et la mobilité d’Anvers.
A.G.
(Photo Belgaimage)