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Bruxelles: une majorité de centre-gauche à une voix près, mais encore loin d’un gouvernement

par Rédaction

Le ralliement du député Soulaimane El Mokadem au groupe Parti socialiste au Parlement bruxellois modifie l’arithmétique politique, sans pour autant débloquer la crise institutionnelle dans la capitale. Sur le papier, l’opération offre à la coalition de centre-gauche en gestation une courte majorité du côté francophone. Dans les faits, la situation reste politiquement fragile et institutionnellement incomplète.

Élu en juin 2024 sur la liste du PTB, où il occupait la deuxième place, Soulaimane El Mokadem avait recueilli 14.861 voix. En mars dernier, le député de 27 ans avait quitté le PTB et s’était mis en arrêt maladie. Il avait récemment annoncé son retour au Parlement en janvier. Ce retour ne se fera pas comme député isolé: il a décidé de rejoindre le groupe PS, tout en précisant qu’il ne prendra pas la carte du parti et qu’il conservera son indépendance, rapporte Le Soir.

18 PS au lieu de 16

Avec ce renfort, le groupe socialiste comptera désormais 18 députés, contre 16 à l’issue du scrutin régional. Ce mouvement n’est pas neutre dans le contexte des négociations en cours. Techniquement, l’attelage de centre-gauche que tente de mettre en place le président des Engagés, Yvan Verougstraete, dispose à présent d’une majorité du côté francophone: 37 sièges sur 72. Une majorité minimale, acquise à une voix près.

Mais cette avancée reste très relative. D’abord parce qu’elle ne concerne que le collège francophone. Or, à Bruxelles, la formation d’un gouvernement requiert non seulement une majorité globale, mais aussi une majorité dans chaque groupe linguistique. De ce point de vue, le ralliement de Soulaimane El Mokadem ne change rien du côté néerlandophone, où les équilibres restent bloqués.

Légitimité du ralliement contestée

Ensuite parce que le statut politique du député demeure ambigu. S’il siège au sein du groupe PS, il revendique son indépendance et refuse toute affiliation formelle au parti. Autrement dit, cette majorité arithmétique repose sur un soutien qui n’est ni idéologiquement ni politiquement verrouillé, ce qui en limite fortement la solidité à moyen terme.

Enfin, la légitimité même de cette recomposition est contestée. Le PTB bruxellois a vivement réagi samedi, appelant Soulaimane El Mokadem à rendre son mandat. Le parti rappelle que son ancien élu a été choisi pour représenter le PTB et son programme, et qu’il avait signé, comme tous ses candidats, un engagement à restituer son siège en cas de départ.

Majorité francophone mais pas flamande

Le PTB regrette que le député ait fait marche arrière en revenant au Parlement d’abord comme indépendant, puis comme membre du groupe PS, et estime qu’un élu doit rester fidèle aux engagements pris devant les électeurs.

En résumé, le mouvement de Soulaimane El Mokadem constitue un pas technique pour les partisans d’une coalition de centre-gauche à Bruxelles. Il offre une majorité francophone de justesse, mais ne règle ni la question linguistique, ni celle de la stabilité politique, ni celle de la légitimité démocratique. Un signal politique, donc, mais pas encore une solution gouvernementale.

La rédaction

(BELGA PHOTO HATIM KAGHAT)

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