La publication partielle de documents judiciaires liés à l’affaire Epstein, imposée au ministère américain de la Justice, devait répondre à une exigence de transparence. Elle a surtout ouvert une séquence de confusion, de suspicion politique et de bataille narrative, au cœur de laquelle figure désormais le président Trump. Entre accusations non corroborées, documents caviardés, pièces déclarées fausses et retraits inexpliqués, le « dump » des Epstein files illustre les limites d’une transparence fragmentée dans un dossier à très haute charge émotionnelle et politique.
L’élément le plus explosif de cette nouvelle salve de documents est sans conteste un document du FBI daté d’octobre 2020, révélé parmi les milliers de pièces récemment rendues publiques. Il relate un appel téléphonique au Centre national des opérations de lutte contre les menaces, au cours duquel un homme affirmant avoir été chauffeur de limousine de Donald Trump dans les années 1990 rapporte une confidence de son ex-compagne : celle-ci lui aurait déclaré avoir été violée par Trump avec Jeffrey Epstein.
Le document ne fournit ni l’identité de la femme, ni son âge, ni d’élément matériel, et rapporte les faits au second degré, via un tiers. Il mentionne néanmoins que cette femme aurait été, un temps, proche de Ghislaine Maxwell, qui lui aurait prêté de l’argent et invité ses filles dans un hôtel luxueux à la fin des années 1990. Le ministère de la Justice lui-même souligne que certaines pièces publiées contiennent des affirmations « fausses et sensationnalistes », et précise que si ces accusations avaient été jugées crédibles, elles auraient déjà été exploitées judiciairement.
L’existence même de ce document n’en demeure pas moins politiquement déstabilisante. Elle illustre la nature brute des Epstein files qui n’est pas un dossier judiciaire consolidé, mais un ensemble hétérogène de témoignages, de notes internes, de courriels et de signalements, dont la valeur probante varie fortement.
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