À l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron en Chine, Paris tente d’attirer davantage d’investissements chinois et de capter une partie du savoir-faire technologique de Pékin. Un renversement historique, alors que l’OCDE annonce un monde à deux vitesses où les pays émergents — au premier rang desquels la Chine — continuent d’accélérer pendant que l’Europe stagne. Entre ambitions industrielles, risque de dépendance et concurrence intra-européenne, la France avance sur une ligne de crête.
Depuis quarante ans, le récit était immuable, l’Europe exportait son savoir-faire, ses champions industriels et ses technologies vers la Chine, nourrissant la montée en puissance de la deuxième économie mondiale. Mais ce paradigme s’effrite. Lors de la visite d’Emmanuel Macron en Chine, l’Élysée a affirmé sans détours que la France veut désormais “s’inspirer des technologies chinoises” dans les secteurs où Pékin a pris plusieurs longueurs d’avance, des batteries au photovoltaïque à la voiture électrique. L’objectif limpide est d’accélérer la réindustrialisation française en captant des transferts technologiques asiatiques.
Le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, résume brutalement ce renversement : “Tout s’est inversé. Les pays émergents, c’est nous. Le pays développé, c’est eux.” Le propos nous bouscule, les Européens, mais reflète une inquiétude des les milieux économiques qui est que l’Europe a abandonné le course technologiquement et adopte donc des méthodes qu’elle refusait hier, comme l’imposition de joint-ventures ou de transferts obligatoires de savoir-faire. Dans les années 1990, ces exigences étaient celles de Pékin. Désormais, Paris envisage d’en faire un levier stratégique pour attirer les industriels chinois.
Le cas d’Orano, qui s’est associé fin 2024 au groupe chinois XTC New Energy pour produire des matériaux critiques à Dunkerque, est régulièrement mis en avant par l’exécutif pour illustrer cette nouvelle méthode. Si l’Élysée ne veut pas imposer formellement de co-entreprises, il reconnaît que cette formule fait “partie des modes possibles d’investissement en France”. L’équilibre entre accueillir le capital chinois sans répéter les erreurs du passé ni créer de nouvelles dépendances est délicat.
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