Accueil » Roland-Garros 2025 : une finale d’anthologie marque le début d’une nouvelle ère

Roland-Garros 2025 : une finale d’anthologie marque le début d’une nouvelle ère

par Nicolas de Pape

Ceux qui redoutaient le grand vide après la retraite des géants du « Big 4 » peuvent souffler : le tennis masculin a trouvé ses nouveaux maîtres. Dimanche, la finale de Roland-Garros a offert un moment d’histoire, une bataille titanesque entre Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, respectivement numéros 2 et 1 mondiaux. Un combat de 5h29, mené jusqu’au super tie-break, d’une intensité technique et mentale rarissime. La relève n’est pas seulement assurée : elle est déjà flamboyante. Reste à espérer qu’un ou deux autres gladiateurs s’invitent à la fête, pour éviter une domination en vase clos. Quant à Novak Djokovic, le plus grand joueur de tous les temps, il a peut-être vu passer sa dernière vraie chance d’un 25e Grand Chelem. Rendez-vous sur herbe, à Wimbledon, la surface qu’il préfère, pour un baroud d’honneur ?

La mémoire enjolive parfois le présent, mais cette finale entre Alcaraz et Sinner restera dans le panthéon du tennis. Dantesque, haletante, basculant plusieurs fois du chaos au sublime. Cinq heures vingt de jeu, un super tie-break inédit en finale de Grand Chelem, des échanges à couper le souffle et une dramaturgie parfaite. Alcaraz, mené deux sets à zéro, break dans le troisième, revient de l’abîme. Il sauve trois balles de match dans le quatrième – seuls Gastón Gaudio et Novak Djokovic l’avaient fait en Grand Chelem avant lui – puis pulvérise Sinner dans le super tie-break, avec une avance insensée de 7-0 pour finir 10-2, avec son cocktail explosif de puissance et de finesse, tandis que ses amorties assassines lui étaient enfin revenues.

Alors oui, la finale de 2012 entre Djokovic et Nadal à Melbourne reste sans doute un cran au-dessus en termes d’intensité globale (5h53, record). Oui, les confrontations Borg/McEnroe, Lendl/McEnroe, Sampras/Agassi ou Nadal/Federer restent des classiques. Mais celle-ci entre dans le top 10 de tous les temps, sans contestation. Et son niveau de puissance, de vitesse et de précision la met au-dessus de toutes les autres, de l’avis unanime d’anciens champions comme Wilander ou McEnroe.

Ce qu’il faut en retenir :

  • Le meilleur des cinq sets, non négociable.

C’est ce format qui permet ces retournements insensés, cette montée en tension dramatique, ce dépassement de soi. Supprimer les cinq sets ? Ce serait assassiner l’essence même du tennis masculin. Et pourquoi ne pas proposer aux femmes, au moins en deuxième semaine, de s’y mesurer aussi ?

  • Une nouvelle rivalité au sommet

Après vingt ans d’hégémonie Djokovic-Nadal-Federer (66 titres majeurs à eux trois), la transition vers Alcaraz et Sinner est pleinement réussie. Leur niveau de jeu, leur maturité tactique, leur mental sont déjà exceptionnels. Mais pour éviter l’ennui d’un duopole, il faudra qu’un ou deux autres talents s’affirment. Draper ? Shelton ? Fonseca ? À eux de jouer.

  • La Next Gen sacrifiée

Medvedev, Zverev, Tsitsipas, Khachanov… Coincés entre l’ère des monstres sacrés et celle de la génération turbo, ils semblent condamnés à faire de la figuration. Un seul Grand Chelem pour Medvedev, des finales perdues pour Zverev et Ruud, des humiliations en série pour les autres. Rublev, Paul, Lehecka & co doivent aujourd’hui se poser une question terrible : comment décrocher ne fût-ce qu’un Grand Chelem face à ces deux ogres ?

  • Djokovic, le dernier samouraï

Il avait réussi à défier deux générations, à battre encore Alcaraz à 37 ans lors de la finale pour la médaille d’Or des Jeux de Paris sur ce même court Philippe-Chatrier, à repousser les limites de la longévité. Mais cette fois, l’âge semble le rattraper. Le rythme imposé par Alcaraz et Sinner est tout simplement devenu inhumain. Le Serbe peut néanmoins partir avec la satisfaction d’avoir élevé les standards et transmis aux plus jeunes le niveau dément du trio qu’il a formé avec Nadal et Federer. Sans lui, il n’y aurait peut-être pas eu cette nouvelle élite aussi précoce, aussi affûtée.

Avec un hommage vibrant à Nadal, une très belle finale dames, et cette apothéose masculine dantesque, Amélie Mauresmo peut baisser le rideau sur un Roland-Garros 2025 inoubliable. Le tournoi entre dans la légende. Et le tennis mondial dans une nouvelle ère.

Nicolas de Pape

(Photo : Kyodo / MAXPPP)

You may also like

21News est un média belge francophone qui promeut la liberté, l’entrepreneuriat et la pluralité d’opinions.

Sélections de la rédaction

Derniers articles

Êtes-vous sûr de vouloir débloquer cet article ?
Déblocages restants : 0
Êtes-vous sûr de vouloir annuler l'abonnement ?