Raisonnons par l’absurde : on peut détester les États-Unis, qu’ils soient isolationnistes (et alors on les maudit pour leur passivité) ou interventionnistes (et on dénonce leur impérialisme). Mais sans eux, il ne nous serait resté qu’à nous incliner devant les habituelles incantations des « Belles Âmes » : il faut négocier avec l’Iran (Khamenei s’y préparait, paraît-il), la diplomatie finira par triompher, il faut désescalader au plus vite…
Sauf que sans l’attaque américaine, ces belles paroles auraient offert au régime iranien un sursis stratégique. Gagner du temps. Toujours gagner du temps. Qui peut croire un instant que la République islamique aurait renoncé, à long terme, à l’arme nucléaire ? Soyons sérieux : en 2018, les Israéliens avaient dérobé 50 000 documents ramenés par camions démontrant les velléités nucléaires évidentes de l’Iran. Le patron de l’AIEA, désormais menacé de mort, M. Rossi, avait averti il y a quelques semaines de l’imminence de la bombe iranienne.
Depuis Saddam Hussein — et plus encore la Corée du Nord — on sait qu’il n’existe pas de meilleure assurance contre les bombardements que de posséder la bombe atomique.
Certes, l’Inde et le Pakistan ont fini par établir une forme de dissuasion mutuelle, limitant leurs confrontations à des escarmouches conventionnelles dans le Cachemire. Mais rien n’indique que l’Iran aurait pu construire un équilibre de la terreur avec Israël. D’autant moins qu’il appelle à sa destruction à intervalles réguliers. Soulignons qu’Israël ne dispose PAS de l’armement pour détruire des bases nucléaires enfouies. L’intervention américaine était donc indispensable.
L’Iran affaibli ? Une bonne nouvelle
En menaçant l’ensemble de la région — détroit d’Ormuz compris, où transitent les intérêts américains, européens et notamment français —, l’Iran se retrouve aujourd’hui acculé. Et c’est une bonne nouvelle pour les principales puissances régionales. Et pour le monde.
Comme souvent, l’Union européenne aura illustré le néant politique qu’elle incarne, à l’exception notable du chancelier allemand Friedrich Merz, saluant « le sale boulot fait par les Israéliens ». Mention spéciale aux tergiversations d’Emmanuel Macron, empêtré dans son sempiternel « en même temps ».
Quant à la diplomatie belge, elle s’est illustrée par un « ni-ni » édulcoré, en contraste saisissant avec les propos habituellement plus virils du ministre de la Défense. Une étrange équidistance entre la dictature iranienne et les démocraties israélienne et américaine. Gare au syndrome Daladier-Chamberlain…
Nicolas de Pape
(Photo : Charly Triballeau / Atta Kenare / AFP)