Les mutualités belges, habituellement associées aux remboursements médicaux, gèrent en coulisses un patrimoine impressionnant. Une enquête de Het Laatste Nieuws, fondée sur l’analyse de plus de 60 bilans, révèle qu’elles disposent ensemble de près de 6,1 milliards d’euros d’actifs. Un réseau complexe de plus de 100 sociétés immobilières, commerciales ou financières s’étend bien au-delà du pays, jusqu’en Suisse ou en Pologne.
Ainsi, Solidaris est actionnaire du domaine-hôtel de Pont-à-Lesse, dans les Ardennes, un site accueillant régulièrement des événements haut de gamme. La Mutualité chrétienne (MC) possède plusieurs hôtels en Suisse, en Autriche et en France, et détient une part d’une chaîne de magasins de soins en Pologne. Helan gère quant à elle des crèches, des résidences-services et un fonds d’investissement actif dans des entreprises technologiques. Certaines mutualités investissent aussi dans la télémédecine ou les plateformes numériques.
Leur richesse provient de trois sources majeures : les subventions publiques liées à l’assurance maladie obligatoire, les cotisations de leurs membres et les primes d’assurances hospitalisation. Si ces organismes assurent ne pas poursuivre de profits privés, leur puissance financière pose question. L’économiste Ivan Van de Cloot souligne leur influence croissante sur le système de santé, notamment via leur présence à l’INAMI ou dans certains cabinets ministériels.
Les mutualités rejettent ces critiques et affirment que leur patrimoine n’a qu’un objectif : améliorer les services à leurs membres et garantir des soins accessibles. Mais l’étendue de leurs activités, souvent méconnue du public, alimente un débat sur la transparence et le rôle réel de ces acteurs incontournables de la santé en Belgique.
La rédaction
(Photo Belgaimage)
