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L’Italie tourne encore davantage le dos à Francesca Albanese

par Harrison du Bus
Photo by Matteo Nardone/Fotogramma/IPA/ABACAPRESS.COM

Longtemps, les municipalités italiennes se sont disputé le privilège de faire de Francesca Albanese (photo) une héroïne officielle. La rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens était devenue la figure de proue d’un certain humanitarisme militant : citoyennetés honoraires votées en chaîne, invitations, résolutions enthousiastes et en quelques semaines, le monde lui a tourné casaque. Après l’attaque de militants pro-palestiniens contre la rédaction du quotidien La Stampa à Turin et les commentaires pour le moins ambigus d’Albanese sur cet épisode, une bonne partie de l’Italie des communes débranche, gèle ou regrette les hommages qui lui étaient promis.

L’étincelle vient de l’irruption violente de militants pro-palestiniens dans les locaux de La Stampa à Turin. Interrogée sur cet épisode, Francesca Albanese dit « condamner la violence », mais ajoute aussitôt que cet assaut devrait servir demonito (avertissement) pour que la presse « retourne faire son travail », au service des citoyens et non des intérêts économiques de ses propriétaires. Elle reproche en même temps aux journaux de passer sous silence certaines manifestations pro-palestiniennes, par exemple à Gênes.

Cette condamnation à demi-mot, assortie d’un reproche frontal au journalisme italien, a été vécue comme une justification implicite de la pression exercée contre une rédaction. De la droite à la gauche institutionnelle, les critiques se sont alignées contre elle. Giorgia Meloni dénonce des propos « gravissimes », des figures du Parti démocrate comme Nicola Zingaretti prennent clairement leurs distances, le président de l’Ordre des journalistes parle d’un message incompatible avec la liberté de la presse.

Même à gauche, l’agacement est palpable. À Florence, la maire PD (Parti démocrate) Sara Funaro dit sans détour qu’il ne peut y avoir de « condamnation avec un mais » ni de monitions adressées au journalisme, qui est « un pilier de la démocratie ». Elle reconnaît le travail d’Albanese sur les droits des Palestiniens mais juge ses messages divisifs plutôt qu’unitaires et en tire la conclusion politique nette que la capitale toscane ne lui accordera pas la citoyenneté honoraire.

Turin, Bologne, Florence, Naples font marche arrière

Ville après ville, on voit remonter à la surface le malaise que suscitent les prises de position de la rapporteuse onusienne. À Turin, la séquence est presque caricaturale. En septembre, une conseillère du M5S (Mouvement 5 étoiles) propose de lui accorder la citoyenneté honoraire. Le PD et la gauche écologiste acquiescent d’abord, puis reculent au moment de mettre le texte à l’ordre du jour. À la conférence des chefs de groupe, la motion s’enlise ; les voix ne sont plus garanties, la majorité se fissure, et le maire démocrate Stefano Lo Russo choisit de ne pas l’amener en séance. Après l’affaire de La Stampa, il condamne publiquement l’idée même de faire porter à la presse une part de responsabilité dans l’attaque qu’elle a subie.

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