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Bernard Rentier : « le doute scientifique est devenu suspect, presque criminel »

par A.G.
BELGA PHOTO ERIC LALMAND

Fin novembre 2025, le Collège Belgique et l’association Le Grand Liège accueillaient, dans le cadre prestigieux de l’hôtel de Bologne à Liège, une conférence du professeur Bernard Rentier (photo), virologue, ancien recteur de l’Université de Liège et membre de l’Académie royale de Belgique. Devant une salle quasi comble, introduit longuement par la présidente du Grand Liège, Marie-Kristine Vanbockestal, cette figure un temps controversée a proposé un retour critique, dense et sans concession sur la gestion de la pandémie de Covid-19.

Son message est double:

  • Sur le plan scientifique, il faut réhabiliter la « démocratie scientifique » : accepter le désaccord, protéger les espaces de débat libre, ne pas criminaliser le doute ni sacraliser le consensus. La science progresse par la confrontation argumentée, pas par décret ou par censure.
  • Sur le plan civique, il appelle à une « maturité démocratique » : accepter la complexité, renoncer aux certitudes faciles, se méfier des réflexes de peur et de stigmatisation.

La pandémie de Covid n’a pas seulement été une crise sanitaire : elle a été, selon Bernard Rentier, un révélateur brutal de notre fragilité démocratique.

Episode 1 :  Un scientifique « open access » devenu figure controversée

L’introduction de Marie-Kristine Vanbockestal plante le décor: Rentier est tout sauf un marginal. Né à Liège en 1947, biologiste, virologue et immunologiste, docteur en sciences biomédicales expérimentales, professeur ordinaire, vice-recteur puis recteur de l’ULiège (2005-2014). Il a travaillé à Londres et aux NIH (National Institute of Health) aux États-Unis, joué un rôle dans la politique scientifique belge (Belspo, Enseignement), et publié plus de 250 travaux sur l’influenza, la rougeole, la varicelle.

Autre marqueur important: il est un militant de la « science ouverte ». Il a fondé l’association EOS pour l’accès libre aux publications scientifiques, tient un blog intitulé « Immediate Openings » avec pour devise « un savoir enfermé est un savoir stérile » et a reçu en 2019 le prix du livre politique pour « Science ouverte, le défi de la transparence ». C’est précisément cette culture de transparence qui, selon la présidente du Grand Liège, l’a amené très tôt à questionner la gestion du Covid : nécessité ou non de vacciner et confiner toute la population, utilité réelle du Covid Safe Ticket, cohérence des mesures.

Ces prises de position lui vaudront d’être classé « covidosceptique », puis « antivax », souvent de façon agressive, parfois hors de tout cadre scientifique, précise la présidente du Grand Liège. Cinq ans après le début de la crise, Rentier revient donc, calmement mais fermement, sur ce qu’il considère comme une dérive majeure: un mélange d’autoritarisme technocratique, de censure scientifique et de peur médiatique, qui a durablement abîmé la liberté de recherche et le débat démocratique.

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