Il y a des signes qui ne trompent pas. Que l’avion du roi des Belges tombe en panne, à l’aller et au retour d’une visite d’État en Chili qui a dû être raccourcie, en dit long – trop long – sur l’état de notre pays.
De qui se moque-t-on ? Envoyer notre souverain en mission d’État – ce qui engage l’image et le prestige de la nation – et être incapable de fournir un avion fiable pour assurer le transport de la délégation dans les temps, ni à l’aller ni au retour, est un vrai scandale.
Mais ce scandale prend une dimension encore plus préoccupante quand on se rappelle que la Belgique est l’un des pays les plus taxés au monde. Les citoyens sont pressurés, les PME étranglées, les classes moyennes matraquées… et pourtant, impossible d’assurer un avion fiable pour le chef de l’État et tout l’aréopage de ministres : un comble. À quoi sert donc tout cet argent ? Certainement pas à garantir le minimum de décence et de sécurité pour les institutions.
Ce double incident n’est pas une simple anecdote. C’est le symptôme d’un État obèse, paralysé. Pendant qu’on nous bassine avec des budgets contraints et des réductions nécessaires, l’argent public s’évapore dans des politiques inefficaces, clientélistes ou idéologiques. Et pendant ce temps, le chef d’État, garant symbolique de notre unité, doit prier pour que son avion ne tombe pas en rade au-dessus de l’Atlantique.
Le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, n’a pas mâché ses mots : « C’est assez honteux pour l’image de la Belgique, déjà d’avoir eu des problèmes au démarrage, d’avoir dû décaler la mission. Imaginez si le banquet d’État, la rencontre avec le président, avait été prévu le premier jour de la visite. Il aurait dû être annulé alors même que c’est le cœur de la mission de cette visite d’État. »
Le Roi n’a pas à voler sur des avions si peu fiables et dans de si mauvaises conditions. Non par vanité, mais par exigence minimale de dignité et de respect de l’institution. Il incarne l’État, il représente tous les Belges et, dans ce dossier, notre pays se couvre de honte à l’international. Seul le souverain a sauvé la face, en restant sur place au milieu de l’ensemble des participants alors qu’il aurait pu revenir facilement sur un autre vol. Il montre là qu’il est un vrai chef, qui ne quitte pas son navire dans la tempête.
Cet événement, dont notre pays se serait une fois de plus bien passé, montre encore combien il est temps que le gouvernement change de cap, s’attaque de front à la gabegie dans les dépenses sociales et investisse, non pas dans des dizaines de F-35 supplémentaires, mais au moins dans un avion officiel digne de ce nom pour la famille royale – et dans une base minimale assurant les fonctions régaliennes de l’État.
Nicolas de Pape
(Photo Belga Dirk Waem : Chili – le roi Philippe attend sur le tarmac que son avion pour la Belgique puisse décoller, 26 juin)